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Israël votera une quatrième fois après l'échec du gouvernement Netanyahu-Gantz

Le Parlement israélien vote sa dissolution faute d'accord sur le budget. Il y aura de nouvelles élections législatives
Le Parlement israélien vote sa dissolution faute d'accord sur le budget. Il y aura de nouvelles élections législatives / 19h30 / 1 min. / le 23 décembre 2020
De nouvelles élections législatives vont être organisées en Israël, les quatrièmes en deux ans, après la dissolution de la Knesset en l'absence d'accord sur le budget, a annoncé mardi le président du parlement de l'Etat hébreu.

Le Parlement israélien s'est dissous dans la nuit de mardi à mercredi après l'échec des parlementaires à adopter un budget pour l'Etat. Cela entraîne le déclenchement de nouvelles élections nationales, les quatrièmes en deux ans environ.

Les élus israéliens avaient jusqu'à mardi 23h59 locales (22h59 en Suisse) pour adopter un budget et éviter de nouvelles élections, mais un compromis a été rejeté mardi et le Parlement s'est dissous sur le coup de minuit.

Netanyahu-Gantz, l'impossible entente

Le gouvernement actuel, "d'union et d'urgence", avait été formé en avril par le Premier ministre Benjamin Netanyahu et son ex-rival Benny Gantz après trois élections les ayant placés au coude-à-coude. En s'alliant dans un même gouvernement, ils avaient provisoirement enterré la hache de guerre afin de mettre fin à la plus longue crise politique de l'histoire d'Israël.

>> Lire à ce sujet : En Israël, un accord pour un gouvernement d'urgence trouvé

La dissolution du Parlement met en exergue l'impossible union des deux hommes. Leur mariage forcé n'aura duré que huit mois avant ce retour en campagne électorale, cette fois dans le contexte de la pandémie de Covid-19 et du procès pour corruption de Benjamin Netanyahu, qui doit prendre son véritable envol début 2021, soit avant le nouveau scrutin, prévu en mars prochain.

Une saga qui s'est étirée sur plusieurs mois

Leur accord prévoyait notamment une rotation pour le poste de Premier ministre et l'adoption d'un budget unique pour les années 2020 et 2021. Mais pour concrétiser cette rotation et permettre à Benny Gantz d'accéder au poste de chef de gouvernement en 2021, les parlementaires devaient au préalable s'entendre sur le budget, un pas qu'ils n'ont finalement jamais franchi.

La saga du budget s'est étirée sur plusieurs mois. Pour éviter le scénario de la dissolution du Parlement, la formation centriste Bleu-Blanc de Benny Gantz avait proposé un compromis de la dernière chance: voter deux budgets séparés, un fin décembre, l'autre début janvier. Les parlementaires l'ont cependant rejeté mardi par 49 voix contre 47.

>> Ecouter l'analyse de Stéphane Amar dans le 19h30 de la RTS mercredi :

Stéphane Amar: "Pour ces nouvelles élections, le défi est de taille pour Benyamin Netanyahou"
Stéphane Amar: "Pour ces nouvelles élections, le défi est de taille pour Benyamin Netanyahou" / 19h30 / 1 min. / le 23 décembre 2020

Un scrutin plus ouvert que les précédents

Si Benny Gantz a perdu cette bataille politique, Benjamin Netanyahu ne sort pas non plus indemne des événements de ces derniers mois, notamment ceux liés à son procès pour corruption, le premier de l'histoire d'Israël pour un chef de gouvernement en fonction.  Son ancien ministre Gideon Saar a annoncé ce mois-ci la création de sa propre formation, Tikva Hadasha ("Nouvel espoir"), ouvertement à droite et déjà créditée de la seconde place selon de récents sondages.

Le Likoud reste pour l'heure en tête des intentions de vote, mais l'apparition de ce nouveau parti et la montée de la formation de droite radicale Yamina d'un autre ancien ministre, Naftali Bennett, grignotent des voix à Benjamin Netanyahu, qui pourrait se retrouver après cet énième scrutin sans assez de partenaires pour se maintenir au pouvoir.

Si les trois derniers scrutins ont pris la forme de duels Netanyahu-Gantz, la désintégration du parti Bleu-Blanc de ce dernier (lire encadré) a changé la dynamique, estime le spécialiste de la région Yohanan Plessner. "Nous ne savons même plus qui est le principal opposant" de Netanyahu.

ats/vic

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Le parti de Benny Gantz affaibli

La presse israélienne étrillait mardi Benny Gantz, l'ancien chef d'État-Major de l'armée israélienne, qui n'aura réussi ni à faire adopter ses réformes de la justice, ni à devenir Premier ministre, ni même à maintenir intacte sa propre formation politique.

En pactisant avec le Likoud au printemps dernier, Benny Gantz avait en effet vu son parti se scinder, la moitié des députés refusant de rejoindre un gouvernement dirigé par Benjamin Netanyahu, inculpé de malversations, abus de confiance et corruption dans plusieurs affaires.

Ces derniers mois, son parti Bleu-Blanc a vu ses appuis fondre comme neige au soleil. En première position lors du scrutin de septembre 2019, sa formation ne serait aujourd'hui qu'à la sixième voire septième place selon les derniers baromètres.

"Le moment est peut-être venu pour lui de dire simplement: j'ai essayé, j'ai voulu, j'ai échoué, je me retire", estimait mardi le Yediot Aharonot, le titre le plus vendu de la presse hébraïque.