La Maison Blanche a dévoilé dans la soirée une liste de près de trente grâces et autres mesures de clémence.
Parmi les bénéficiaires de ces grâces figurent Paul Manafort, ex-directeur de campagne de Donald Trump en 2016, et son ancien conseiller Roger Stone: deux personnalités mises en cause dans l'enquête sur l'ingérence russe dans la présidentielle américaine lors de laquelle Trump avait été élu.
Paul Manafort purgeait une peine de sept ans et demi de prison pour diverses fraudes débusquées dans le cadre de l'enquête du procureur Mueller qui avait conduit deux années d'investigation sur une possible collusion entre la Russie et l'équipe Trump. Il avait été placé en résidence surveillée en mai en raison de l'épidémie de coronavirus.
Affaire russe
En juillet dernier, le président républicain avait déjà commué la peine de Roger Stone, son ami de longue date, condamné pour avoir tenté d'influencer des témoins et pour avoir menti au Congrès dans le cadre de l'enquête russe.
Donald Trump a été accusé de recourir une fois de plus de façon abusive au droit de grâce: fin novembre, il avait déjà gracié Michael Flynn, son ancien conseiller à la sécurité nationale, également mis en cause dans la même affaire.
Le président américain avait déjà annoncé mardi soir une quinzaine de grâces et cinq autres mesures de clémence, qui bénéficient notamment à quatre ex-agents de la sulfureuse société de sécurité privée Blackwater, reconnus coupables du meurtre de 14 civils irakiens en 2007 à Bagdad.
La famille pas oubliée
Le père de Jared Kushner, son jeune gendre et conseiller, figure aussi dans la liste publiée par l'exécutif américain. Charles Kushner avait été condamné en 2004 pour des malversations fiscales.
Donald Trump envisagerait également, selon la presse américaine, d'accorder une grâce préventive à ses enfants, à son gendre Jared Kushner et à son avocat personnel Rudy Giuliani, avant de quitter la Maison Blanche en janvier.
Le milliardaire aurait aussi évoqué l'éventualité de se gracier lui-même de crimes pour lesquels il pourrait être poursuivi en relation avec son mandat. En 2018, il avait affirmé avoir "le droit absolu" de prendre cette mesure, qui serait un précédent.
afp/nr
Indignation dans le camp démocrate
Cette série de grâces présidentielles a suscité l'indignation dans le camp démocrate. "Tout le monde avait anticipé ce déversement nauséabond de grâces et de mesures de clémence pour les apparatchiks et les alliés de Donald Trump. Ce n'est pas une nouvelle surprenante. Mais ce spectacle est toujours révoltant. Et c'est loin d'être fini!", a fustigé David Axelrod, ancien conseiller de Barack Obama.
"Tout ceci me donne envie de vomir", a jugé l'ancienne sénatrice démocrate Claire McCaskill, qui siégeait à la commission des Forces armées de la Chambre haute, en charge de l'affaire Blackwater en Irak. "Cette grâce déshonore notre armée de façon indicible".