D'ordinaire, des milliers de pèlerins-touristes affluent dans la Basilique de la Nativité pendant la période de Noël. Des centaines de cars climatisés livrent leurs passagers au sein de cette petite ville palestinienne, située à moins d’une dizaine de kilomètres de Jérusalem et cachée derrière un épais rideau de béton graffité construit par Israël. Il faut jouer des coudes pour contempler, ne serait-ce que quelques minutes, la grotte où - selon la tradition - le Christ est né il y a 2000 ans.
Une messe télédiffusée
Mais cette année la pandémie a complètement asséché la ville de ses visiteurs. Pandémie oblige, il n'y a pas eu de messe en public jeudi soir à la basilique, mais une messe de Noël réunissant uniquement le clergé et télédiffusée à travers le monde.
Et c'est sous un ciel gris qu'une petite foule est venue assister à la traditionnelle procession de Noël dans les rues de Bethléem. Quelques centaines de personnes portant masques sanitaires et parapluies ont regardé la parade où flottaient drapeaux palestiniens et du Vatican, au son des tambours et des cornemuses.
Les commerçants accusent le coup
"Nous n’avons rien vendu depuis neuf mois", se désespère un marchant assis devant sa boutique. "Cela fait 60 ans que je suis dans ce business et je n’ai jamais vu ça de ma vie, même pendant les soulèvements palestiniens en Cisjordanie", poursuit-il.
Non seulement la pandémie a bloqué les touristes étrangers, mais elle empêche aussi les centaines de chrétiens de la bande de Gaza, territoire palestinien sous blocus israélien, de traverser les terres d’Israël pour se rendre, tels des mages, à Bethléem. Les célébrations de Noël se déroulent donc avec quelques fidèles seulement.
Retrouver un peu plus de religieux
Un peu philosophe, le père de la paroisse de Bethléem Rami Asakrieh y voit l'occasion de faire un peu moins de commerce mais de retrouver un peu plus de religieux. "Dieu merci", dit-il, "Noël est toujours là et donne sens à tout. Cela apporte l’espoir, la paix et encourage au don".
Michel Kocher/afp/oang