L'enquête "pour violation du domicile" et "menaces" vise Lioubov Sobol, qui s'était rendue lundi chez cet agent présumé, qu'Alexeï Navalny dit avoir piégé au téléphone pour lui faire avouer la tentative d'assassinat, a annoncé sur Twitter Ivan Jdanov, directeur du Fonds de lutte contre la corruption, l'organisation de l'opposant.
Avocate de formation, Lioubov Sobol, une proche alliée d'Alexeï Navalny, a diffusé l'adresse de cet agent présumé sur internet, et de nombreux journalistes étaient venus alors sur les lieux. La police anti-émeute avait aussi été déployée, et avait finalement interpellé la jeune femme suite à une plainte de Konstantin Koudriavtsev.
Peine maximale encourue
La peine maximale encourue pour ce délit est de deux ans de prison.
Selon son entourage, la police russe a arrêté vendredi matin Lioubov Sobol à son domicile moscovite et l'a ensuite emmenée au Comité d'enquête de Russie, puissant organe chargé des principales investigations criminelles.
Piège téléphonique
Alexeï Navalny accuse toujours le Kremlin de l'avoir empoisonné. Il a d'ailleurs piégé par téléphone un agent des services secrets russes, pour lui faire avouer son crime.
Les autorités ont qualifié cette conversation de "falsification", mais n'ont jamais démenti que l'interlocuteur de l'opposant était bien un agent ni que celui-ci était membre de l'équipe chargée de filer l'intéressé.
Le président russe Vladimir Poutine avait précédemment reconnu qu'Alexeï Navalny faisait l'objet d'une surveillance, après la publication d'une enquête médiatique nommant huit agents secrets, dont des spécialistes des armes chimiques, qui pendant des années étaient chargés de la filature de l'opposant. Parmi eux, l'agent des services secrets russes en question.
fgn avec les agences
Un complot occidental, selon Moscou
Alexeï Navalny affirme qu'il a été empoisonné le 20 août sur ordre du Kremlin. La Russie estime elle qu'il n'y a aucune preuve que l'opposant a été la victime d'un crime, malgré son malaise dans un avion en Sibérie, un coma et les résultats de laboratoires européens établissant qu'il avait été empoisonné.
Trois laboratoires européens ont conclu qu'Alexeï Navalny avait été empoisonné par un agent neurotoxique développé à des fins militaires à l'époque soviétique, le Novitchok.
Moscou a, selon les versions, dénoncé un complot occidental, de l'opposant ou mis en cause l'hygiène de vie de l'intéressé.