C'est la première fois que le pays, dont la production d'énergie dépend lourdement des énergies fossiles, détaille la manière dont il entend réduire à zéro ses émissions de gaz à effet de serre d'ici au milieu du 21e siècle.
Cette "stratégie de croissance verte", mise en ligne sur le site du ministère de l'Economie, du Commerce et de l'Industrie (Meti), fixe notamment comme "objectif indicatif" que 50 à 60% de l'électricité du pays proviennent des énergies renouvelables d'ici là.
En comparaison, le dernier plan énergétique du Japon, en 2018, fixait un objectif de 22 à 24% d'ici 2030, contre environ 17% en 2017.
Changement de mentalité
Le gouvernement estime nécessaire un "changement significatif" des mentalités pour comprendre que "les politiques qui prennent en compte l'environnement ne sont pas un frein, mais un moteur de la croissance", a déclaré le porte-parole du gouvernement Katsunobu Kato vendredi à la presse.
Pour atteindre une société "neutre en carbone, il faut non seulement que l'industrie, mais aussi tout le Japon, y compris le secteur public et chacun de vous, fasse de son mieux", a-t-il ajouté.
Le gouvernement a annoncé tabler aussi sur 30 à 40% de l'approvisionnement en électricité assuré par les centrales nucléaires et thermiques (équipées de systèmes de captage du CO2). Les 10% restants seraient produits à partir d'hydrogène et d'ammoniac.
Le Japon estime que sa consommation nationale d'électricité augmentera de 30 à 50% d'ici 2050.
Développement de l'éolien en mer
Pour faire face à cette demande, le gouvernement souhaite notamment développer l'éolien en mer, le Japon s'étant fixé ce mois-ci un objectif de production de 45 gigawatts d'ici 2040, soit un bond gigantesque par rapport au 0,02 gigawatt actuel.
Parallèlement à son intention annoncée début décembre d'interdire la vente de véhicules neufs à essence ou diesel d'ici le milieu des années 2030, le gouvernement souhaite aussi dans les dix prochaines années une réduction de 50% du coût des batteries des véhicules électriques.
Ces annonces sont censées envoyer au secteur industriel un message fort sur la volonté du gouvernement de favoriser la croissance verte et encourager les investissements en ce sens du secteur privé, ont rapporté des médias nippons.
"Un mauvais point de départ"
Les chiffres dévoilés sont cependant "un mauvais point de départ aux discussions" et signalent "un manque d'ambition", estime Mika Ohbayashi, directrice de l'Institut des énergies renouvelables à Tokyo.
Le Japon devrait plutôt se fixer l'horizon 2030 pour atteindre son objectif de 50 à 60% d'électricité issue des renouvelables, selon l'organisation.
Elle juge aussi que miser sur une généralisation des technologies de captation de CO2 dans les prochaines décennies est une erreur.
Le Japon était en 2019 le cinquième plus gros pays émetteur de CO2, selon les données de la plateforme en ligne Global Carbon Atlas.
ats/fgn