Les groupes armés, qui contrôlaient déjà deux tiers du territoire et ont juré, il y a neuf jours, de "marcher sur Bangui" pour empêcher le scrutin, sont pour l'heure tenus à distance de la capitale de ce pays parmi les plus pauvres du monde, grâce au renfort de centaines de paramilitaires russes, de soldats rwandais et de Casques bleus de la force de maintien de la paix de la Mission de l'ONU en Centrafrique (Minusca).
Enjeu majeur de ces élections
La tenue de ces élections présidentielle et législatives est donc un enjeu majeur pour le pays mais aussi la communauté internationale, qui tente de l'aider à se reconstruire et d'y maintenir une sécurité toute relative depuis 2014.
La capitale était calme en milieu de matinée mais de très nombreux Casques bleus et soldats centrafricains et rwandais patrouillaient dans tous les quartiers. Des blindés blancs de la Minusca surmontés de mitrailleuses étaient stationnés devant les bureaux de vote. Une trentaine d'électeurs patientaient devant l'établissement à l'ouverture.
"C'est très important pour moi d'être là en tant que citoyenne. Je pense que ce vote va changer notre pays, quel que soit le président", s'enthousiasme Hortense Reine, une enseignante. "Je veux d'abord la paix et cela passe par le vote", renchérit Roméo Elvin, un étudiant de 24 ans.
Incidents épars
Des incidents épars étaient rapportés dimanche en milieu de matinée et des milliers de personnes étaient encore privées de leurs cartes d'électeurs jamais arrivées en raison de l'insécurité, selon des responsables locaux et de l'ONU qui ont tous requis l'anonymat.
Par ailleurs, l'ancien président François Bozizé soutient la rébellion et appelle à ne pas voter dans un message diffusé sur internet. Depuis le coup d'Etat contre lui, le pays est en état de guerre civile.
Dans ce contexte, la question de la légitimité des futurs élus - le président et 140 députés - est déjà posée quand une partie importante de la population ne peut pas voter, ou le faire librement et sereinement, en dehors de Bangui, selon les experts et l'opposition.
afp/fgn