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L'Iran annonce produire désormais de l'uranium enrichi à 20%

L'Iran enclenche le processus d'enrichissement d'uranium à 20%: interview d'Agnès Levallois
L'Iran enclenche le processus d'enrichissement d'uranium à 20%: interview d'Agnès Levallois / Forum / 6 min. / le 4 janvier 2021
L'Iran produit désormais de l'uranium enrichi à 20%, a annoncé le porte-parole de l'Organisation de l'énergie atomique iranienne, Behrouz Kamalvandi, dans un entretien diffusé mardi par la télévision d'Etat. Ce seuil est bien supérieur à celui fixé par l'accord international de 2015.

"A environ 7 heures du soir (16h30 lundi en Suisse), nous avons atteint 20%", a déclaré Behrouz Kamalvandi dans cet entretien réalisé avant minuit. "Après cette heure, la production d'uranium enrichi à 20% devrait devenir totalement stable, ce qui veut dire que nous injectons à l'entrée [des cascades de centrifugeuses de l'uranium enrichi à 4%] et que nous obtenons 20% à la sortie".

Dans une lettre datée du 31 décembre, l'Iran avait fait part à l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) de sa volonté de produire de l'uranium enrichi à 20%. D'après le dernier rapport disponible de l'agence onusienne, publié en novembre, Téhéran enrichissait de l'uranium à un degré de pureté supérieur à la limite prévue par l'accord de 2015 (3,67%).

Le pays ne dépassait pas le seuil de 4,5%, et se pliait toujours au régime très strict d'inspections de l'Agence. Mais le dossier connaît des soubresauts depuis l'assassinat fin novembre d'un physicien nucléaire iranien.

Loi controversée

Dans la foulée de cette attaque attribuée par l'Iran à Israël, le Parlement iranien a adopté une loi controversée. Elle préconise de produire et stocker au "moins 120 kilogrammes par an d'uranium enrichi à 20%" et de "mettre fin" aux inspections de l'AIEA, destinées à vérifier que le pays ne cherche pas à se doter de la bombe atomique.

A partir de mai 2019, l'Iran avait déjà commencé à s'affranchir des principaux engagements pris dans le cadre de l'accord de Vienne. Ils sont destinés à limiter le programme nucléaire iranien en échange de la levée de sanctions internationales à l'encontre de l'Iran.

Ce désengagement a commencé un an après le retrait unilatéral des Etats-Unis de ces accords, suivi du retour de lourdes sanctions américaines qui ont privé l'Iran des retombées escomptées de l'accord.

"Chantage nucléaire"

L'annonce de la reprise de l'enrichissement à 20% intervient à quelques semaines du départ de la Maison Blanche du président Donald Trump, qui a mené une campagne de "pression maximale contre l'Iran".

Cette violation pourrait contrarier les efforts de Joe Biden qui a promis de ratifier à nouveau cet accord.

Les Etats-Unis ont dénoncé lundi la nouvelle entorse de l'Iran à l'accord nucléaire international, qualifiant son processus de "chantage nucléaire".

"L'enrichissement d'uranium à 20% par l'Iran (dans son usine de) Fordo est une tentative claire d'accentuer sa campagne de chantage nucléaire, une tentative qui continuera d'échouer", a indiqué un porte-parole du département d'Etat.

agences/lan

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L'UE dénonce et attend

L'enrichissement d'uranium à 20% annoncé par l'Iran "constituerait une entorse considérable à ses engagements nucléaires" dans le cadre de l'Accord de Vienne "avec de graves conséquences en matière de non-prolifération", a averti lundi l'Union européenne.

Cependant, Bruxelles attend un briefing du directeur de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) prévu dans la journée, avant de décider d'une éventuelle action, a expliqué un porte-parole de la Commission lors d'une conférence de presse quotidienne. L'AIEA n'a pour l'instant pas confirmé la mise en oeuvre des annonces de Téhéran sur l'enrichissement.

De son côté, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a estimé que le lancement du processus reflétait les "intentions" iraniennes de développer un programme nucléaire militaire, ce que l'Etat hébreu ne "permettra pas".

Saisie par les Gardiens de la révolution d'un pétrolier sud-coréen

Les Gardiens de la révolution, l'armée idéologique de la République islamique d'Iran, ont affirmé avoir saisi, lundi, un pétrolier battant pavillon sud-coréen dans les eaux du Golfe, l'accusant d'avoir violé "les lois sur l'environnement marin".

"Un navire propriété de la Corée du Sud a été saisi ce matin par (la marine) de la force" des Gardiens, selon leur site officiel Sepahnews, dans un contexte de tensions grandissantes dans le Golfe entre Téhéran et Washington.

Selon le ministère iranien des Affaires étrangères, cette saisie s'est faite "dans le cadre de la loi Sepahnews fait état de l'arrestation des membres de l'équipage de nationalités sud-coréenne, indonésienne, vietnamienne et birmane, sans plus de détails.

A Séoul, le ministère de la Défense a annoncé l'envoi d'une unité navale anti-piraterie dans les eaux du Golfe, à proximité du stratégique détroit d'Ormuz, à la suite de la saisie "de notre navire commercial par l'Iran".