"Faustin Archange Touadéra ayant recueilli la majorité absolue avec 53,92% est déclaré élu", a affirmé devant la presse Mathias Morouba, le président de l'Autorité nationale des élections. L'ancien Premier ministre Anicet Georges Dologuélé arrive en deuxième position avec 21,01% des suffrages exprimés, devant 14 autres candidats de l'opposition.
Le taux de participation annoncé par l'Autorité nationale des élections, chargée de l'organisation du scrutin, est de 76,31%, sans explications sur la manière dont il a été calculé.
Accès difficile aux urnes
Ce scrutin, en même temps que les législatives, s'est déroulé sous la menace d'une nouvelle offensive d'une coalition rebelle, dans un pays en guerre civile aux deux tiers contrôlé par des groupes armés. Des milliers d'électeurs n'ont, ainsi, pas pu se rendre aux urnes en dehors de la capitale Bangui, selon de nombreux observateurs étrangers et experts, ainsi que selon l'opposition. Cette dernière dénonçait en outre, et par avance, des "fraudes massives".
"C'est une farce, il y a eu de nombreuses irrégularités et fraudes", a déclaré Anicet Georges Dologuélé aussitôt après l'annonce de l'ANE.
ats/vic
Le nouveau visage de Faustin Archange Touadéra
Un président qui se veut souriant et proche de son peuple, qui n'hésite pas à se prêter aux bains de foule: ce n'est qu'à l'approche de l'élection en République centrafricaine que Faustin Archange Touadéra a commencé à afficher un nouveau visage. Depuis son élection surprise en 2016, ce président d'un pays en guerre civile limitait en effet ses déplacements, sous la garde très rapprochée de Casques bleus et d'agents de sécurité privés russes.
"Trop discret", naïf ou cynique, selon ses ennemis, épris de paix selon ses partisans, il avait conclu un accord de paix en 2019 à Khartoum avec les 14 groupes armés, intégrant des chefs de guerre au gouvernement ou à l'administration. Un "accord de dupes" pour l'opposition, car près de deux ans plus tard, trois des principaux groupes signataires, qui contrôlent toujours les deux tiers du pays, tentent de marcher sur Bangui pour le renverser. Les autres continuent de se disputer les richesses minérales de la Centrafrique en menant sporadiquement des attaques contre les civils et l'armée.
Un profil de technocrate
Les partisans de ce président de 63 ans ne manquent pas d'égrener des réalisations, largement financées par la communauté internationale: reconstruction de l'armée, l'Éducation passée de 8 % à 14 % des dépenses du budget, gratuité des soins pour les femmes enceintes et les enfants jusqu'à 5 ans, paiement plus régulier des fonctionnaires...
Mais ce bilan ne lui a jamais permis de gagner les coeurs d'une frange importante de la population du deuxième pays le plus pauvre du monde selon l'ONU, et qui endure depuis des décennies coups d'État, régimes autoritaires et guerres civiles. "Touadéra a un profil technocratique, ce n'est pas un politicien", avance ainsi Hans de Marie Heungoup, spécialiste de la Centrafrique à l'International crisis group (ICG).