La stratégie des autorités britanniques consiste à vacciner en masse et rapidement. Une stratégie dictée par l'urgence, car le pays est en proie au nouveau variant du SRAS-CoV-2, plus contagieux. Le Royaume-Uni a franchi début janvier pour la première fois la barre des 50'000 nouveaux cas quotidiens et les décès (plus de 600 par jour en moyenne sur les 7 derniers jours) s'approchent des chiffres enregistrés lors de la première vague.
Les fabricants des deux premiers vaccins homologués, Pfizer et Moderna, préconisent pourtant deux injections, à quatre semaines d'intervalle. Mais de l'avis du directeur du Groupe de vaccin d'Oxford Andrew Pollard, "la première dose est suffisante pour empêcher la forme sévère de la maladie et une hospitalisation". A ses yeux, "la deuxième dose sera nécessaire, mais si vous la retardez, vous pouvez vacciner bien plus de monde", a-t-il avancé mardi dans le 19h30.
La première dose est suffisante pour empêcher la forme sévère de la maladie et une hospitalisation
Un effet à court terme seulement?
Cette stratégie paraît séduisante, car le vaccin de Pfizer/BioNtech a par exemple une efficacité de plus de 80% dès la première dose. Mais pour la directrice du centre de vaccinologie des HUG Claire-Anne Siegrist, c'est une fausse bonne idée: "Quand on regarde l'efficacité mesurée après la première dose, on se dit que c'est déjà magnifique. Mais on oublie qu'elle a été mesurée uniquement pendant la période qui a séparé la première et la deuxième dose, soit quatre semaines. C'est seulement après la deuxième dose que les taux d'anticorps montent", détaille la spécialiste, pour qui cette deuxième dose "joue certainement un rôle important pour le maintien de la protection".
La Suisse, elle, s'en tiendra aux directives des fabricants. "Mieux vaut bien protéger ceux qui sont vaccinés plutôt que protéger partiellement, sans savoir très bien ce qu'on fait, avec une seule dose", a réagi la cheffe de la section Contrôle de l'infection et programme de vaccination de l'OFSP Virginie Masserey. "On préfère respecter le schéma de vaccination qui a fait l'objet des études et a fait la preuve de son efficacité".
Mieux vaut bien protéger ceux qui sont vaccinés plutôt que protéger partiellement, sans savoir très bien ce qu'on fait, avec une seule dose
Simplifier le message pour la population
La stratégie de la Grande-Bretagne vise aussi à simplifier le message transmis à sa population. Elle est en effet le premier pays à avoir commencé, lundi, les vaccinations avec le vaccin d'AstraZeneca, développé à Oxford. Or, ce dernier nécessite, lui, un intervalle de 3 mois entre les deux injections.
Sujet TV: Estelle Braconnier, Valérie Demierre, Thierry Clémence
Adaptation web: Vincent Cherpillod