"Aujourd'hui, nous avons appris que les responsables chinois n'ont pas encore finalisé les autorisations nécessaires à l'arrivée de l'équipe en Chine", a déclaré mardi aux journalistes à Genève le patron de l'OMS, Tedros Adhanom Ghebreyesus. "Je suis très déçu de cette nouvelle, étant donné que deux membres avaient déjà commencé leur voyage et d'autres n'ont pas pu voyager à la dernière minute".
A ses côtés, le responsable des situations d'urgence sanitaire à l'OMS Michael Ryan a dit espérer qu'il s'agisse "simplement d'un problème logistique et bureaucratique que nous pouvons résoudre rapidement". Il a précisé que l'un des deux experts avait dû rebrousser chemin, tandis que l'autre attendait dans un pays tiers.
Visite ultra-sensible
La visite de dix experts de l'OMS est ultra-sensible pour le régime chinois, soucieux d'écarter toute responsabilité dans l'épidémie qui a fait plus de 1,8 million de morts dans le monde. Si elle est parvenue à pratiquement éradiquer la maladie sur son sol, la Chine n'a pas pu empêcher que le président américain Donald Trump l'accuse d'avoir répandu ce qu'il nomme "le virus chinois" sur la planète, voire de l'avoir laissé s'échapper d'un laboratoire de virologie de Wuhan, la ville où le virus est apparu.
Signe de nervosité, le pouvoir communiste a fait condamner la semaine dernière à quatre ans de prison une journaliste citoyenne, Zhang Zhan, qui avait couvert la mise en quarantaine de Wuhan.
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Les autorités ne manquent pas une occasion d'émettre des doutes sur l'origine chinoise du virus, alors qu'elles avaient dans un premier temps incriminé un marché de Wuhan où étaient vendus des animaux vivants.
"Ils vont arriver après la bataille"
Le délai imposé par la Chine pour accepter une enquête indépendante signifie que les premières traces de l'infection vont être compliquées à retrouver pour les chercheurs. "Je ne suis pas optimiste. Ils vont arriver après la bataille", s'alarme Gregory Gray, un infectiologue de l'Université Duke, aux Etats-Unis. "Ce sera incroyablement difficile de trouver l'origine du virus", abonde Ilona Kickbusch, de l'Institut de hautes études internationales et du développement à Genève.
Si les scientifiques pensent que l'hôte originel du virus est une chauve-souris, on ne connaît pas l'animal intermédiaire qui a permis la contamination humaine. La presse chinoise, elle, évoque de plus en plus l'hypothèse d'une importation du virus par de la nourriture congelée, une théorie écartée par l'OMS.
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Comprendre et éviter une répétition des faits
Pour l'organisation, accusée par l'administration Trump de tendances pro-chinoises, il ne fait pas de doute que ses experts pourront enquêter librement, même si Pékin n'a toujours pas confirmé que Wuhan était bien au programme de la visite. "L'équipe ira à Wuhan, c'est l'objectif de la mission", a déclaré mi-décembre Michael Ryan. "Nous travaillerons avec nos collègues chinois, ils ne seront pas (...) supervisés par des fonctionnaires chinois", a-t-il assuré.
La mission est composée de dix scientifiques (Danemark, Royaume-Uni, Pays-Bas, Australie, Russie, Vietnam, Allemagne, Etats-Unis, Qatar et Japon) reconnus dans leurs différents domaines de compétence.
"L'objectif n'est pas de désigner un pays ou une autorité coupables", a déclaré l'un des membres de l'équipe, Fabian Leendertz, de l'Institut Robert Koch en Allemagne. "Il est de comprendre ce qui s'est passé pour éviter que ça se reproduise".
afp/vic
Donald Trump, la cause du retard de la Chine?
Epidémie oblige, les experts devront se soumettre à une quarantaine de deux semaines à leur arrivée. Il leur restera alors trois à quatre semaines pour enquêter. Ils pourraient ainsi se rendre à Wuhan vers le 20 janvier, un an tout juste après la mise en quarantaine de cette métropole de 11 millions d'habitants.
Le 20 janvier est également la date à laquelle Donald Trump doit quitter la Maison Blanche. Certains observateurs supposent que Pékin a pu vouloir attendre son départ avant le début effectif de l'enquête, pour ne pas donner l'impression de céder aux exigences du président républicain.