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Une nouvelle affaire de viols secoue l'intelligentsia française

Le politologue Olivier Duhamel est accusé d'inceste par sa belle-fille. [afp - Stéphane de Sakutin]
L'intellectuel français Oilvier Duhamel accusé d'inceste par la fille de Bernard Kouchner / Le Journal horaire / 34 sec. / le 6 janvier 2021
Un an après l'écrivain Gabriel Matzneff, une autre figure intellectuelle française, le politologue Olivier Duhamel, est déboulonné par un livre coup de poing l'accusant d'inceste et dénonçant la complaisance de la grande "famille" de l'intelligentsia française.

Dans un livre à paraître jeudi, Camille Kouchner, la fille de l'ancien chef de la diplomatie Bernard Kouchner, accuse son beau-père, le politologue Olivier Duhamel, d'avoir agressé sexuellement son frère jumeau à l'adolescence.

Ces faits auraient eu lieu à la fin des années 80, dans le silence de "La Familia grande", titre du livre et surnom que se donnait cette bande d'amis, intellectuels et artistes de gauche, fascinés par la révolution cubaine.

Le parquet de Paris a ouvert mardi une enquête pour "viols et agressions sexuelles par personne ayant autorité sur mineur de 15 ans".

Une précédente enquête classée sans suite

Avant même la sortie de l'ouvrage, dont les bonnes feuilles ont été publiées dans la presse, Olivier Duhamel, 70 ans, a démissionné de toutes ses fonctions. Sollicité par Le Monde, cet habitué des plateaux télé, ex-président de la prestigieuse Fondation nationale des sciences politiques, a indiqué n'avoir "rien à dire" et n'a pas souhaité réagir à ces accusations.

Dans La Familia grande, Camille Kouchner accuse son beau-père Olivier Duhamel de viols. [afp - Joël Saget]
Dans La Familia grande, Camille Kouchner accuse son beau-père Olivier Duhamel de viols. [afp - Joël Saget]

Camille Kouchner, 45 ans aujourd'hui, s'est d'abord tue, à la demande de son frère victime, avant de commencer à parler à son entourage, dont sa mère. "Très vite, le microcosme des gens de pouvoir, Saint-Germain-des-Prés, a été informé. Beaucoup savaient et la plupart ont fait comme si de rien n'était", écrit-elle.

En 2011, une "précédente procédure" sur ces faits avait déjà été ouverte, a fait savoir le procureur de Paris. Selon le récit de Camille Kouchner, son frère aurait alors été entendu par les enquêteurs. Après leur avoir raconté "dans les détails" les agressions sexuelles que lui aurait imposées son beau-père, "Victor" aurait toutefois refusé de déposer plainte. "Non. Je ne souhaite pas porter plainte. Cette histoire ne vous regarde pas", avait-il dit aux enquêteurs, selon sa soeur.

Cette enquête a été "classée sans suite", a précisé le procureur de Paris, sans donner les raisons de l'abandon de la procédure.

Une certaine complaisance

"Un lourd secret qui pesait sur nous depuis trop longtemps a été heureusement levé", a réagi Bernard Kouchner lundi dans un communiqué. "En 2011, il s'est tu sur ce drame de l'inceste à la demande expresse de son fils et de sa fille qui ne voulaient pas qu'il rende cette affaire publique", a précisé son avocate.

Ce cas rappelle l'affaire Matzneff il y a un an. Dans son livre "Le Consentement", une femme avait décrit l'emprise exercée sur elle par l'écrivain pédophile, avec qui, adolescente, elle a eu une relation.

Elle exposait ce que le milieu littéraire parisien avait toujours su et vu, sans jamais le condamner: la pédophilie assumée et revendiquée de l'écrivain, aujourd'hui visé par une enquête pour viols sur mineurs de moins de 15 ans.

L'affaire, qui a eu un écho international, a aussi révélé une certaine complaisance française, celle d'"une autre époque", avant Metoo, et celle d'une autre génération, les post soixante-huitards marqués par la libération des moeurs, de la sexualité, de la société.

afp/boi

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