Malgré une abstention record de 70% et le rejet des résultats par une grande partie de la communauté internationale, les députés du Parti socialiste unifié du Venezuela (PSUV) et de ses alliés occupent désormais 256 des 277 sièges du Parlement unicaméral.
Entourés d'une forte présence policière, ils sont entrés mardi dans l'hémicycle en brandissant des portraits du héros révolutionnaire Simon Bolivar (1783-1830) et du défunt président vénézuélien Hugo Chavez (1999-2013), qui ont été accrochés sur les murs de l'enceinte.
"Exorcisme"
"Nous sommes contraints à l'exorcisme" après cinq ans de législature de l'opposition, a ironisé l'ex-ministre de la Communication, Jorge Rodriguez, élu par acclamation pour un an à la tête de l'Assemblée nationale. "Ce matin, nous avons versé de l'eau bénite dans tous les coins", a-t-il raillé.
"Il ne peut y avoir de pardon dans l'oubli", a-t-il ajouté, dans une allusion à l'ancienne mandature qui avait vu en janvier 2019 l'opposant Juan Guaido se proclamer président par intérim en invoquant la Constitution et encourager une séries de sanctions économiques contre le Venezuela.
Parallèlement, l'Assemblée constituante, composée de fidèles du pouvoir et destinée depuis 2017 à neutraliser les décisions des parlementaires d'opposition, a cessé mardi ses fonctions. Nicolas Maduro s'est dit "très optimiste" après cet appel pour "un dialogue inclusif, avec tout le pays".
Un Parlement alternatif réuni dans un lieu tenu secret
Reconnu par plus de cinquante pays comme président par intérim du Venezuela, le chef de file de l'opposition Juan Guaido a promis de résister et d'assurer la continuité des travaux des parlementaires élus en 2015 jusqu'à l'organisation d'"élections présidentielle et législatives libres".
Mardi, le Parlement sortant s'est réuni à Caracas dans un lieu non divulgué "pour raison de sécurité" et Juan Guaido a de nouveau prêté serment en tant que président de l'Assemblée.
"Mon premier message s'adresse à Maduro. Nous sommes ici debout", a-t-il déclaré lors de l'événement diffusé sur Internet, "malgré ce spectacle dans le Palais législatif kidnappé par une dictature que personne ne reconnaît".
Dans un pays étouffé par une inflation galopante (+4000% sur un an), paralysé dans d'interminables files d'attente pour faire le plein d'essence, excédé par les coupures de courant et les pénuries d'eau, Juan Guaido a toutefois perdu le soutien populaire dont il jouissait en 2019.
Soutien international à Juan Guaido
Le secrétaire d'Etat américain Mike Pompeo a immédiatement annoncé dans un communiqué que les Etats-Unis ne reconnaissaient pas le nouveau Parlement issu "d'élections frauduleuses" et continuaient de considérer Juan Guaido comme le "président légitime" du pays.
La Colombie, le Brésil, l'Uruguay, le Costa Rica et le Panama ont également indiqué ne pas reconnaître le nouveau Parlement. "Nous continuerons de travailler" avec Juan Guaido, a tweeté le ministre brésilien des Affaires étrangères, Ernesto Araujo.
afp/boi