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Crise des déchets: Naples au bord du chaos

"Voir Naples et pourrir" n'est plus d'actualité pour Berlusconi.
Une rue de Naples encombrée d'immondices ce week-end.
Le chaos menace Naples. Les habitants excédés incendient les poubelles, jettent des pierres aux pompiers et barrent les rues avec des immondices, à 3 jours de l'arrivée de Berlusconi qui a promis de régler ce "scandale".

Des dizaines de feux de poubelles sont signalés chaque jour dans
la région empestant l'atmosphère tandis que la circulation est
devenue très difficile en ville où les poubelles barrent de
nombreuses chaussées en signe de protestation, a constaté un
journaliste de l'AFP.

Veille sanitaire

Le préfet de Naples a réuni dimanche soir plusieurs responsables
de la sécurité pour faire le point de la situation, qualifiée par
la presse de «proche de l'émeute». Il a annoncé la reprise dès
lundi des envois par train spéciaux vers l'Allemagne des ordures de
Naples, la mise en service d'un numéro d'urgence médicale et la
constitution d'un réseau de veille sanitaire pour prévenir toute
épidémie.



L'ordre des médecins de la ville avait fait part auparavant
dimanche dans un communiqué de sa préoccupation devant la
multiplication des rats, des cafards et des insectes et estimé que
la situation sanitaire «déjà difficile, menaçait de devenir
dramatique».

Chaleur et odeurs

Les pompiers ont signalé être intervenus 84 fois dans la nuit de
samedi à dimanche et doivent parfois être accompagnés par des
policiers car la population, incommodée par les odeurs
pestilentielles aggravées par la chaleur (jusqu'à 27 °C), s'oppose
à leurs interventions.



Selon les estimations des médias locaux 6000 tonnes d'ordures
s'accumulent dans les rues de Naples et près de 50'000 autres
tonnes dans les villes et le long des routes de Campanie.



Les plans d'urgence adoptés à la fin janvier lors de la précédente
crise par le gouvernement Prodi n'ont pas eu les effets escomptés,
souligne dimanche la presse italienne. Plus de 20 communes de
Campanie sur 64 n'ont pas réussi à mettre en oeuvre dans les délais
impartis une collecte différenciée des ordures. Elles ont été
placées samedi soir sous administration directe par le commissaire
extraordinaire nommé par Romano Prodi pour résoudre la crise.

Croissance anarchique

Sans collecte différenciée, les rares décharges non saturées
encore en activité en Campanie ne peuvent accueillir légalement les
déchets. Des décisions de justice interdisent régulièrement aux
autorités locales de rouvrir des décharges parce que la croissance
anarchique immobilière de Naples les ont placées peu à peu au coeur
de quartiers défavorisés.



Dans d'autres cas ce sont des associations de défense de
l'environnement ou de riverains qui s'opposent, parfois par la
force, à la réouverture d'anciens sites de stockages ou aux travaux
préparatoires à la construction d'usines d'incinération.



L'envoi des déchets par trains spéciaux vers des usines allemandes
ou par bateau vers d'autres régions d'Italie ne concerne pas des
quantités suffisantes pour résoudre le problème.



Enfin la camorra, la mafia napolitaine, est régulièrement accusée
par les autorités de travailler en sous-main pour empêcher toute
solution de la crise de façon à pouvoir exploiter pour son compte
le juteux marché de l'élimination des déchets.



afp/tac

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Conseil des ministres mercredi

Silvio Berlusconi a fait de la résolution de la crise l'un des thèmes de la campagne qui lui a permis de battre la gauche lors des élections générales des 13 et 14 avril dernier.

Il a convoqué symboliquement pour mercredi à Naples le premier conseil des ministres de son quatrième gouvernement.

La presse italienne lui prêtait dimanche l'intention de recourir très largement à l'armée pour faire face à la situation et de garder désormais secrets les lieux de stockage des ordures pour éviter les oppositions de toutes sortes auxquelles se heurtent aujourd'hui les autorités.

Selon le Corriere della Sera, le gouvernement envisagerait également une procédure simplifiée pour l'implantation des centres de compactage des ordures et des usines d'incinération.

Il prévoirait également la nomination du chef de la protection civile, Guido Bertolaso, à un poste de sous-secrétaire à la présidence du Conseil chargé de la crise des déchets.

La Campanie est placée depuis 14 ans - c'est à dire déjà sous le précédent gouvernement de Silvio Berlusconi - en «situation d'urgence déchets» en raison du dysfonctionnement chronique des centres de traitement en partie dû à l'infiltration de la mafia napolitaine dans le marché du recyclage des ordures.