"Après examen approfondi des tweets récents de @realDonaldTrump et du contexte actuel - notamment comment ils sont interprétés (...) - nous avons suspendu le compte indéfiniment à cause du risque de nouvelles incitations à la violence" de la part du président américain sortant, a expliqué l'entreprise dans un communiqué.
Jeudi, Facebook et d'autres services comme Snapchat ou Twitch ont aussi suspendu le profil du locataire de la Maison Blanche pour une durée indéterminée. Mais Twitter compte plus que les autres pour Donald Trump, qui y avait plus de 88 millions d'abonnés.
Le réseau social avait déjà accru les mesures de rétorsion mercredi, en supprimant plusieurs messages du chef d'Etat, au lieu de simplement les masquer avec des notes d'avertissements.
Le républicain n'a pas cessé de contester la validité de l'élection présidentielle, enfreignant donc les règles des principales plateformes sur le respect des processus démocratiques.
Le dernier tweet
Twitter avait ensuite suspendu son compte pendant douze heures avant de le réactiver jeudi, à la surprise générale, le président étant tenu en bonne partie responsable des violences de mercredi, qui ont choqué le pays et à l'étranger.
Probablement sans le savoir, Donald Trump a tiré sa révérence sur son réseau social favori le 8 janvier en annonçant faire l'impasse sur la prestation de serment de son successeur, Joe Biden.
"A tous ceux qui ont demandé, je n'assisterai pas à la cérémonie d'investiture le 20 janvier".
Une suspension de compte historique
Pour Stéphane Koch, spécialiste des réseaux sociaux et des questions numériques interrogé dans le 12h30, cette décision est "extraordinaire", car si ce n'est pas le premier compte Twitter qui est suspendu, c'est le premier d'un président.
"On ne peut pas dire qu'il s'agit d'un musellement, ni d'une censure, ajoute-t-il. C'est un mesure de précaution par rapport à des risques réels liés à la manière dont Trump utilise le réseau pour mobiliser ses troupes et catalyser la division qu'il a créée au sein de la population américaine."
Une décision aussi critiquée
Les critiques se sont multipliées toute la semaine contre les réseaux, jugés trop lents ou trop laxistes. Un nombre croissant de personnalités et d'organisations ont appelé à bannir le milliardaire des plateformes, de Michelle Obama au syndicat des employés de Google (pour YouTube, où le compte de Donald Trump est toujours actif).
Les décisions de Facebook et de Twitter, longtemps attendues, ont été accueillies avec plus de colère et de mépris que de soulagement. "Quand Twitter et d'autres agissent maintenant, c'est comme tous ces hauts responsables du gouvernement qui démissionnent à quelques jours de la fin (du mandat): c'est trop peu, trop tard", a regretté Angelo Carusone, président de l'ONG Media Matters for America. "S'ils avaient agi plus tôt, les horribles événements de mercredi auraient pu être évités."
Cette décision est justifiable mais "pose des questions fondamentales" sur la "régulation du débat public", a de son côté estimé dans un tweet le secrétaire d'Etat français au numérique Cédric O.
afp/nr/boi
Donald Trump réagit et menace Twitter
"Nous ne serons pas réduits au silence", a protesté l'intéressé via le compte officiel POTUS (Président des Etats-Unis), à l'attention des "75 millions de patriotes" qui ont voté pour lui.
Il a évoqué des représailles contre le réseau qui "interdit la liberté d'expression" et le possible lancement de sa propre plateforme dans un futur proche, à travers une série de messages immédiatement retirés par Twitter.
"Utiliser un autre compte pour éviter la suspension est contre nos règles", a expliqué un porte-parole de la société, qui va aussi prendre des mesures "pour l'imiter l'utilisation" des comptes gouvernementaux comme @POTUS et @WhiteHouse.
Google suspend l'application Parler, prisée des partisans de Trump
Alphabet, la maison mère de Google, a annoncé vendredi la suspension de l'application Parler de sa plateforme de téléchargement, citant comme raison pour sa décision des publications incitant à la violence.
La société a aussi demandé à l'application, populaire auprès des partisans de Donald Trump, de modérer son contenu.
Apple avait de son côté donné 24 heures à Parler pour lui soumettre un plan de modération, soulignant que certains utilisateurs s'étaient servis l'application pour coordonner la prise d'assaut du Capitole à Washington mercredi.