En mars 2020, Donald Trump convoque les plus importantes entreprises pharmaceutiques du monde à la Maison Blanche. Le président américain exige un vaccin contre le coronavirus. Face à lui, les patrons des pharmas ne peuvent pas lui promettre une solution rapidement.
Pourtant, un de ces chefs d'entreprise va se faire remarquer. Stéphane Bancel, directeur de Moderna, affirme pouvoir développer un vaccin commercialisable en quelques mois. Une année plus tard, le pari est gagné: le vaccin de Moderna est efficace à 94%.
Il a été autorisé aux Etats-Unis puis dans l'Union européenne. Il devrait également être validé ces prochains jours par Swissmedic, l'organe d'autorisation et de contrôle des produits thérapeutiques en Suisse.
Un patron qui a pris des risques
Derrière le succès de Moderna se trouve un patron déterminé, Stéphane Bancel, un Français de 48 ans. Le directeur de la firme a effectué des études supérieures d’économie. Il n'est pas chercheur, mais il a su s'entourer de scientifiques de qualité.
L'homme a pris de gros risques dans sa carrière. En 2011, il quitte son poste de directeur général de l'entreprise française Biomérieux pour rejoindre la start-up Moderna. "En 2011, j'évoluais mes chances de succès à 5%. La technologie de l'ARN messager était révolutionnaire. Le défi était immense", explique Stéphane Bancel dimanche dans Mise au Point.
La crise du coronavirus a accéléré le développement de la technologie de l'ARN messager, mais les perspectives ne s'arrêtent pas au vaccin. Moderna espère développer d'autres traitements, notamment contre le cancer. "C'est une nouvelle approche pour soigner les gens. On passe de l'ère de l'analogique au digital. C'est une technologie de rupture dans le monde de l'industrie pharmaceutique", affirme Stéphane Bancel.
Une association avec Lonza
A Genève, une poignée d'investisseurs a joué un rôle crucial pour financer les débuts de Moderna et sa technologie révolutionnaire. Et cette prise de risque financière a payé. La valeur de l'entreprise s'est multipliée ces dernières années et elle vaut actuellement près de 45 milliards de dollars.
La Suisse a également joué un rôle-clé pour la production des vaccins. Moderna n'a pas d'usines pour produire industriellement et elle a donc cherché un partenaire. L'entreprise chimique Lonza s'est associée avec Moderna au printemps. Trois lignes de production ont été mises sur pied et elles fonctionnent déjà. Lonza sera capable, à plein régime, de produire 300 millions de doses de vaccins par année.
Une partie de ces vaccins ont été précommandés en août par la Confédération. Au total, ce sont 7,5 millions de doses qui ont été achetées. Le prix reste secret et la Suisse a dû payer lors de la précommande une grande partie de la facture.
Le prix du vaccin se situe autour de 20 à 30 francs suisses. Les doses de vaccins devraient arriver ces prochains jours en Suisse. L'attente est immense dans les centres de vaccination. Jamais une entreprise n'a suscité autant d'espoir et autant de milliards. Seul le temps dira si Moderna a permis, sans effet secondaire, de sortir le monde de la pandémie du coronavirus.
François Ruchti/David Nicole/boi