Le chef de la diplomatie américaine Mike Pompeo a expliqué qu'il notifierait le Congrès de cette décision afin de renforcer la "dissuasion contre les activités néfastes du régime iranien", soutien du groupe rebelle yéménite face au gouvernement (lire encadré) appuyé par une coalition menée par l'Arabie saoudite alliée de Washington.
Trois chefs des Houthis sont également inscrits sur liste noire, dont leur principal dirigeant Abdel Malek al-Houthi.
Un dernier "grand coup" de Donald Trump
Ces sanctions entreront en vigueur le 19 janvier, soit la veille de l'entrée en fonction du président élu des Etats-Unis Joe Biden (lire encadré à propos de Cuba).
Elles visent à tenir les Houthis, qui contrôlent la capitale Sanaa et la majorité du nord du Yémen, "pour responsables de leurs actes terroristes, notamment pour les attaques transfrontalières menaçant les populations civiles, les infrastructures et le transport maritime", a déclaré Mike Pompeo dans un communiqué publié dans la nuit.
L'annonce était attendue depuis l'élection présidentielle du 3 novembre aux Etats-Unis. Plusieurs organisations non gouvernementales et institutions internationales redoutaient que le président Trump, battu dans les urnes, ne cherche à frapper un grand coup diplomatique contre l'Iran, son ennemi juré au Moyen-Orient, avant l'arrivée à la Maison Blanche de Joe Biden, qui souhaite renouer le dialogue avec Téhéran.
Selon ces organisations, cette décision risque de provoquer une paralysie de l'acheminement de l'aide humanitaire au Yémen. Avoir des contacts avec des responsables Houthis, gérer les impôts, utiliser le système bancaire, payer le personnel médical, acheter nourriture et pétrole... tout cela risque d'être entravé par une telle mesure américaine.
La crise humanitaire est déjà très grave
Après plus de cinq ans de guerre, le Yémen, pays le plus pauvre de la péninsule arabique où 80% de la population dépend désormais de l'aide internationale, est déjà en proie à ce que l'ONU a qualifié de pire crise humanitaire au monde.
Et il est maintenant "en danger imminent de la pire famine que le monde ait connue depuis des décennies", avait mis en garde fin novembre le secrétaire général des Nations unies Antonio Guterres, exhortant Washington à "ne pas faire tanguer le bateau".
Ces appels n'auront donc été que très partiellement entendus par l'administration Trump, décidée jusqu'au bout à aller à l'encontre du consensus international et à jouer la carte unilatérale: "Les Etats-Unis reconnaissent qu'il existe des inquiétudes quant à l'impact que ces désignations auront sur la situation humanitaire au Yémen", a dit Mike Pompeo. "Nous prévoyons de mettre en place des mesures pour réduire leur impact sur certaines activités et importations humanitaires", a-t-il ajouté.
La portée des dérogations qui seront accordées en ce sens sera donc scrutée de près.
Présentant la stratégie de son gouvernement comme devant favoriser les efforts pour parvenir à une solution "pacifique", le secrétaire d'Etat sortant a assuré être prêt "à travailler avec les responsables des Nations unies et avec les organisations internationales et non gouvernementales" pour minimiser les conséquences sur la population.
Condamnation des Houthis
Les rebelles Houthis au Yémen ont condamné lundi leur désignation comme groupe "terroriste" par l'administration américaine sortante du président Donald Trump (lire encadré) et ont dit se réserver le droit d'y riposter.
"Les Américains sont à l'origine du terrorisme. La politique et les actions de l'administration Trump sont du terrorisme aussi. Ses politiques reflètent une pensée en crise et sont condamnables et nous avons le droit d'y riposter", a déclaré sur Twitter un haut responsable des rebelles, Mohamed Ali al-Houthi.
afp/sjaq
Le pouvoir yéménite se félicite de la décision américaine
Le gouvernement yéménite s'est félicité lundi de la décision américaine "Les Houthis méritent d'être classés comme une organisation terroriste étrangère, non seulement pour leurs actes terroristes, mais aussi pour leurs efforts permanents pour prolonger le conflit", a déclaré le ministère des Affaires étrangères du Yémen dans un communiqué.
L'Arabie Saoudite approuve
Lundi, Ryad a salué la décision de Washington. Les rebelles Houthis sont combattus par le royaume, au Yémen, depuis 2015: il est à la tête d'une coalition militaire en soutien au gouvernement reconnu par la communauté internationale.
L'agence officielle saoudienne SPA, a annoncé que cela allait "dans le sens des appels du gouvernement yéménite légitime à mettre fin aux activités de cette milice soutenue par l'Iran".
Une personne devenant "complètement dingue"
Alors que planait la menace, les Houthis avaient estimé en novembre que Donald Trump n'avait pas le droit de prendre une telle décision après avoir perdu l'élection présidentielle: "Les élections sont finies et quelqu'un d'autre a gagné (...) Les déclarations de cet homme n'ont plus aucune signification", avait déclaré Sultan Al-Samee, vice-président du Conseil politique d'Ansarullah, le nom du mouvement des Houthis.
"S'il désigne Ansarullah comme terroriste, cela viendra d'une personne non compétente qui est en train de devenir complètement dingue", avait-il martelé.
Grand allié de Washington dans le Golfe, l'Arabie saoudite a, elle, déjà classé les Houthis comme groupe "terroriste" en 2014 avant de prendre la tête en mars 2015 d'une coalition appuyant le gouvernement yéménite contre les rebelles.
Même sort pour Cuba
L'administration de Donald Trump a annoncé lundi, à neuf jours de la fin de son mandat, qu'elle avait inscrit à nouveau Cuba dans la liste noire américaine des "Etats soutenant le terrorisme". L'île avait été retirée de cette liste en 2015 par Barack Obama.
"Avec cette mesure, nous allons à nouveau tenir le gouvernement de Cuba pour responsable et envoyer un message clair: le régime Castro doit mettre fin à son soutien au terrorisme international et à la subversion de la justice américaine", a déclaré le chef de la diplomatie américaine Mike Pompeo dans un communiqué en évoquant les anciens dirigeants cubains Fidel et Raul Castro.
Il accuse Cuba, pour justifier cette sanction, d'avoir "apporté son soutien de manière répétée à des actes de terrorisme international en donnant refuge à des terroristes".
Cette décision de dernière minute risque de rendre plus difficile toute volonté du président élu Joe Biden, qui prendra ses fonctions le 20 janvier, de renouer avec La Havane. Après le rapprochement spectaculaire sous l'administration Obama, l'administration Trump n'a fait que durcir ses positions à l'égard du pouvoir communiste.
Cuba rejoint sur la liste noire des Etats soutenant le terrorisme l'Iran, la Corée du Nord et la Syrie. Le Soudan vient d'en être retiré par Donald Trump.