L'armée libanaise a pris position à travers le pays, notamment à
Beyrouth et à l'entrée nord de Tripoli, la grande ville côtière à
majorité sunnite du nord, où des affrontements ont fait un mort et
cinq blessés.
D'autres combats ont éclaté
entre partisans du gouvernement et de l'opposition dans des régions
au sud-est de la capitale, peuplées en majorité de druzes, où ont
retenti des tirs de mitrailleuse lourde et des explosions. Le
dirigeant druze Walid Joumblatt, l'un des chefs de la majorité
antisyrienne, comme son rival druze Talal Arslan, allié de
l'opposition soutenue par Damas et Téhéran, ont appelé leurs
partisans à déposer les armes.
A Beyrouth, les hommes armés des mouvements chiites d'opposition
avaient en revanche totalement disparu des quartiers ouest dont ils
avaient pris le contrôle vendredi, cédant la place aux militaires
déployés en masse.
Vive tension
En cinq jours, les violences ont fait 42 morts et 164 blessés,
selon un responsable des services de sécurité libanais. La tension
restait vive à travers le pays alors que les barricades érigées
mercredi restaient en place, notamment sur la route menant à
l'aéroport international de Beyrouth. Cette artère était toujours
bloquée par le Hezbollah chiite, principal parti d'opposition, et
l'aéroport est demeuré fermé.
A Tripoli, des combats à la mitrailleuse et au lance-roquette ont
opposé des partisans sunnites de la majorité soutenue par les
Occidentaux et la plupart des pays arabes, et des Alaouites, secte
dissidente du chiisme et loyale au Hezbollah. La veille, en signe
de conciliation, le Hezbollah et ses alliés avaient retiré leurs
combattants des rues de Beyrouth, à l'appel de l'armée, à qui le
gouvernement s'en est remis pour rétablir "la paix civile".
L'opposition a cependant averti qu'elle poursuivrait la
"désobéissance civile".
L'armée appelée à la rescousse
L'armée a gelé les récentes décisions du gouvernement contre le
Hezbollah, à l'origine des violences les plus sanglantes depuis la
guerre civile (1975-90). Elle avait demandé samedi à tous les
hommes armés de se retirer des rues. Dans un souci d'équilibre,
elle a aussi décidé que le chef de la sécurité de l'aéroport de
Beyrouth, Wafic Choukair, présenté comme un proche du Hezbollah et
limogé par le gouvernement, resterait à son poste en attendant les
résultats d'une enquête sur lui.
Par ailleurs, l'armée a dit qu'elle allait "étudier" le réseau de
télécommunications du Hezbollah, sur lequel le gouvernement voulait
enquêter. La formation chiite, qui présente ce réseau comme
essentiel dans sa lutte contre Israël, avait qualifié de
"déclaration de guerre" cette démarche gouvernementale, provoquant
les violences, auxquelles n'ont pas pris part les chrétiens, en
dépit de leurs profondes divisions.
afp/hof
La Ligue arabe réunie au Caire
Les ministres des Affaires étrangères de la Ligue arabe réunis au Caire tentaient dimanche d'élaborer une déclaration sur la situation au Liban.
Mais le texte faisait l'objet de désaccords, certains pays estimant qu'il condamne implicitement le Hezbollah.
Les ministres de la Ligue ont par ailleurs appelé à la fin immédiate des violences et à l'organisation d'une rencontre entre dirigeants libanais de la majorité et de l'opposition.
Une délégation à laquelle participera le secrétaire général de l'organisation, Amr Moussa, doit partir dès lundi à Beyrouth pour préparer les discussions.
Les étrangers s'en vont
Les étrangers ont continué dimanche de quitter le pays par la route, via la Syrie, contournant le principal poste-frontière de Masnaa toujours bloqué par des partisans du gouvernement.