Ces combats à l'arme lourde ont éclaté dans la grande ville
portuaire de Tripoli, obligeant l'armée à se retirer de la zone où
elle s'était déployée après les violences de la veille.
Les affrontements sont devenus plus sporadiques en fin de
journée mais des hommes armés étaient présents en nombre notamment
à Tebbaneh, un quartier sunnite pauvre du nord de Tripoli, foyer
d'islamisme radical. L'armée tentait de reprendre le contrôle du
secteur, où se poursuivaient les tirs de snipers et de
mitrailleuse.
Plus de 60 morts
Au moins 61 personnes ont été tuées et 198 blessées dans les
combats qui secouent le Liban depuis le 7 mai, a annoncé lundi un
responsable des services de sécurité.
Dimanche, des combats avaient déjà opposé à Tripoli des partisans
de la majorité à des alaouites - branche dissidente du chiisme -
loyaux au Hezbollah. "Nous ne sommes avec personne. Nous défendons
nos territoires. Nous voulons que l'armée nous protège. Nous ne
voulons pas que les alaouites s'approchent", a expliqué un homme
masqué et armé dans une rue de Tebbaneh. Partout ailleurs au Liban,
notamment à Beyrouth, un calme précaire prévalait.
Pas de dialogue en vue
La majorité au pouvoir, soutenue par les Occidentaux, a répété
qu'elle n'accepterait pas de dialoguer avec l'opposition, menée par
le Hezbollah, puissant parti chiite appuyé par l'Iran et la Syrie,
sous la menace des armes.
Alors que l'armée libanaise s'est déployée depuis samedi avec
hommes et blindés à travers le pays, l'opposition a prévenu qu'elle
poursuivrait son mouvement de "désobéissance civile", plusieurs
routes restant bloquées, notamment l'axe stratégique de l'aéroport
de Beyrouth.
"Nous voulons un engagement solennel du (chef du Hezbollah) Hassan
Nasrallah devant l'opinion publique, les pays arabes et même
l'Iran, qu'il ne va pas utiliser ses armes contre les Libanais", a
déclaré lundi l'ancien président Amine Gemayel, un leader de la
majorité.
De son côté, l'armée a annoncé que "toute personne armée serait
arrêtée", mais un porte-parole militaire a ajouté à propos des
barrages routiers qu'il "s'agissait d'une question politique, liée
au mouvement de désobéissance civile entamé par l'opposition". La
persistance de ces barrages sur la route principale menant à la
frontière syrienne, dans l'est du pays, a soulevé la mauvaise
humeur de plusieurs maires de communes riveraines.
afp/hof
Vers un 19e report de la présidentielle
La séance du Parlement libanais prévue mardi pour l'élection d'un président de la République n'aura probablement pas lieu en raison des violences sectaires qui secouent le pays, a déclaré lundi un porte-parole du président du parlement Nabih Berri.
"A la lumière des circonstances actuelles et de la sécurité, je doute que la session se tienne demain, surtout au vu de la poursuite de la crise politique", a déclaré Ali Hamdan.
"Ce vide politique est le résultat de la poursuite de la crise politique qui a commencé il y a 18 mois", a-t-il ajouté.
Une réunion du Parlement a été convoquée mardi pour tenter, pour la 19e fois, de trouver un successeur au pro-syrien Emile Lahoud, et mettre fin à une vacance au sommet de l'Etat qui dure depuis le 24 novembre, date de la fin du mandat de Emile Lahoud.
Au moins 61 personnes ont été tuées en six jours de violences au Liban entre partisans du gouvernement et de l'opposition.
Chronologie des événements
Les premiers affrontements entre partisans de l'opposition et de la majorité ont éclaté le 7 mai lorsqu'une grève générale, soutenue par l'opposition, avait dégénéré.
Des combats, les plus sanglants depuis la fin de la guerre civile (1975-90) ont gagné les quartiers ouest de Beyrouth, puis Tripoli ainsi que la montagne druze (sud est de Beyrouth).
Ces violences font suite à 18 mois de paralysie des institutions politiques du Liban, où l'opposition revendique une participation accrue au pouvoir.
Le Hezbollah avait pris le contrôle vendredi de la partie ouest de Beyrouth, fief de la coalition pro-gouvernementale, avant de retirer pendant le week-end ses combattants de la rue et de confier la sécurité à l'armée.