L'attentat s'est produit le jour même de la visite en Syrie du
président Michel Sleimane, la première d'un chef d'Etat libanais
depuis le retrait syrien du Liban en 2005. Le général Sleimane
avait quitté ses fonctions de chef de l'armée pour être élu à la
présidence de la République en mai dernier.
Près d'un bus
La bombe a explosé à proximité d'un bus civil où des soldats
avaient pris place parmi les passagers, selon un correspondant de
l'AFP sur place. Des lambeaux de corps ont été projetés par la
puissance de l'explosion sur les toits des bâtiments proches.
Des membres de la Croix-Rouge libanaise, dépêchés sur place,
évacuaient les blessés à bord de dizaines d'ambulances. Selon les
premières estimations, "20 kg de matières explosives" ont provoqué
la déflagration, a indiqué le responsable de la sécurité. "Il n'a
pas encore été établi si la bombe a été actionnée à distance ou par
un système de minuterie", a-t-il ajouté.
L'attentat s'est produit dans une rue commerçante de Tripoli où se
trouvent plus de sept succursales de banques, à environ 1,5 km du
quartier de Bab el-Tebbaneh, lieu des affrontements qui ont secoué
la ville depuis mai.
Vote de confiance lundi
Le président libanais Michel Sleimane a condamné l'attentat
"terroriste". "L'armée et les forces de sécurité ne vont pas plier
devant les tentatives visant à les terroriser par des attaques et
des crimes (...)", souligne le président, en renouvelant son appel
à la réconciliation, à l'unification et à faire face à ce
terrorisme qui touche tous (les Libanais) sans exception et ne
profite qu'à l'ennemi israélien".
L'attaque est survenue au lendemain du vote de confiance accordé
par le parlement au gouvernement libanais d'union nationale dirigé
par Fouad Siniora.
Ce gouvernement a été formé le 11 juillet après une longue crise
politique entre la majorité, soutenue par l'Occident et la plupart
des pays arabes, et l'opposition, proche de Damas et Téhéran. La
crise avait dégénéré en mai en affrontements violents, qui ont fait
65 morts, et le pays avait failli basculer dans une nouvelle guerre
civile.
afp/cht/bri
Affrontements réguliers
La ville de Tripoli a été le théâtre d'affrontements confessionnels intermittents qui ont fait 23 morts depuis le mois de mai. Ces combats, qui avaient pris fin juillet, avaient opposé à plusieurs reprises des sunnites à des habitants appartenant à la communauté alaouite, une branche du chiisme, dans plusieurs quartiers de la ville côtière.
L'armée avait ensuite dépêché des renforts qui se sont déployés dans les zones des affrontements, le quartier alaouite de Jabal Mohsen -dont les habitants soutiennent majoritairement l'opposition dirigée par le Hezbollah chiite-, et Bab al-Tebbaneh, quartier à majorité sunnite et fief de la majorité antisyrienne.
Antagonisme de plus de 30 ans
A Tripoli, l'antagonisme entre les communautés sunnite et alaouite remonte à l'époque de la guerre civile (1975-1990) où Bab al-Tebbaneh était devenu un refuge pour des habitants de la ville syrienne de Homa, rasée en 1982 par le régime de l'ancien président Hafez al-Assad après une insurrection islamiste. En 1986, les forces syriennes, qui occupaient le Liban, avaient pénétré dans Bab al-Tebbaneh, y tuant 300 personnes avec l'aide des alaouites de Tripoli.
Les relations entre Beyrouth et Damas, ancienne puissance de tutelle au Liban, se sont détériorées après le retrait des troupes syriennes en avril 2005, deux mois après l'assassinat de l'ancien Premier ministre libanais Rafic Hariri à Beyrouth.
La presse syrienne se félicitait mercredi de la visite du président libanais Michel Sleimane attendu dans l'après-midi à Damas, en soulignant que la Syrie était prête "à établir les meilleures relations avec le Liban". "Les discussions et les résultats de la visite seront certainement positifs. Ils préluderont à une nouvelle étape dans les relations fraternelles entre les deux pays. Nous souhaitons l'établissement d'excellentes relations basées sur le respect, l'amitié et la coordination", écrit le quotidien gouvernemental Techrine dans un éditorial.