Alexeï Navalny a été interpellé alors qu'il s'apprêtait à passer le contrôle des passeports, ont constaté des journalistes de l'AFP sur place. L'arrestation a été confirmée par les services pénitentiaires russes.
Ceux-ci avaient averti qu'ils n'hésiteraient pas à l'arrêter, lui reprochant d'avoir violé, alors qu'il se trouvait en Allemagne ces derniers mois, les conditions d'une peine de prison avec sursis dont il a écopé en 2014.
En montant à bord de son avion, Alexeï Navalny avait toutefois dit être "très heureux" de revenir et assuré "n'avoir rien à craindre en Russie". "Je suis certain que tout va bien se passer. On va m'arrêter? Ce n'est pas possible, je suis innocent", avait-il lancé
Avion dérouté et partisans arrêtés
L'avion dans lequel se trouvait Alexeï Navalny devait initialement atterrir à l'aéroport de Vnoukovo, également à Moscou. Il a été dérouté en vol, tandis que plusieurs de ses partisans ainsi que la police antiémeute l'attendaient à Vnoukovo.
Plus tôt dans la journée, plusieurs alliés d'Alexeï Navalny ont été arrêtés par la police à l'aéroport de Moscou où ils étaient venus l'accueillir, a annoncé un collaborateur de l'opposant.
Une vidéo diffusée par le média d'opposition MBKh Media montre la police escorter dans le calme plusieurs personnes, dont Lioubov Sobol, figure montante de l'opposition russe déjà interpellée il y a quelques semaines, et Rouslan Chaveddinov, un collaborateur d'Alexeï Navalny connu pour avoir été envoyé de force en 2019 effectuer son service militaire obligatoire dans l'Arctique après une perquisition visant l'organisation de l'opposant.
Par ailleurs, "Ilia Pakhomov, le juriste Alexeï Molokoïedov, l'assistant de Navalny Ilia Pakhomov, la directrice de campagne Anastasia Kadetova et Konstantin Kotov ont été arrêtés", a indiqué sur Twitter Ivan Jdanov, l'un des plus proches collaborateurs d'Alexeï Navalny.
Le journal d'opposition Novaïa Gazeta a également rapporté l'arrestation de sa correspondante à l'aéroport moscovite de Vnoukovo, où l'avion avec Alexeï Navalny à son bord devait initialement atterrir.
Réactions outrées en Occident
L'arrestation d'Alexeï Navalny à son arrivée à Moscou est "inacceptable", a estimé dimanche soir le président du Conseil européen, Charles Michel, appelant Moscou à sa "libération immédiate", dans un tweet.
Le chef de la diplomatie de l'UE, Josep Borrell, a pour sa part appelé les autorités russes à "respecter les droits" d'Alexeï Navalny et également réclamé sa "libération immédiate" dans un tweet. "La politisation du système judiciaire est inacceptable", a ajouté l'Espagnol.
Alexeï Navalny "doit être libéré immédiatement" a de son côté exhorté Jake Sullivan, futur conseiller à la sécurité nationale du président élu américain Joe Biden.
"Les attaques du Kremlin contre Alexeï Navalny ne sont pas seulement une violation des droits humains, mais un affront au peuple russe qui veut que sa voix soit entendue", a-t-il tonné sur Twitter.
La France a appelé dimanche à la "libération immédiate" de l'opposant russe Alexeï Navalny, arrêté à Moscou dès son arrivée depuis l'Allemagne où il se trouvait en convalescence après avoir survécu à un empoisonnement présumé.
"La France a pris connaissance avec une très forte préoccupation de l'arrestation en Russie d'Alexeï Navalny. Elle suit, avec ses partenaires européens, sa situation avec la plus grande vigilance et appelle à sa libération immédiate", a indiqué le ministère des Affaires étrangères dans un communiqué.
ats/ebz
Empoisonné cet été
Le chef de file de l'opposition russe était subitement tombé dans le coma en août, alors qu'il revenait d'une tournée électorale en Sibérie. D'abord hospitalisé à Omsk, il avait finalement été évacué vers un hôpital berlinois sous la pression de ses proches.
Trois laboratoires européens ont depuis conclu que l'opposant avait été empoisonné par un agent innervant de type Novitchok, développé à l'époque soviétique à des fins militaires, conclusion confirmée par l'Organisation pour l'interdiction des armes chimiques (OIAC) malgré les dénégations de Moscou.
L'opposant accuse les services spéciaux russes (FSB) d'avoir tenté de l'assassiner sur l'ordre direct de Vladimir Poutine.