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Placé en détention pour un mois, Alexeï Navalny appelle à manifester

L'opposant russe Alexeï Navalny a dénoncé une "parodie de justice" après qu'un tribunal a été convoqué lundi dans un commissariat. [KEYSTONE - SERGEI ILNITSKY]
L'opposant russe Alexeï Navalny dénonce une "parodie de justice" après son arrestation / Le 12h30 / 1 min. / le 18 janvier 2021
La justice russe a ordonné lundi après-midi le maintien en détention d'Alexei Navalny pour 30 jours, jusqu'au 15 février. Dans la foulée, celui-ci a lancé un appel à la population russe pour qu'elle descende dans la rue.

Kira Iarmich, la porte-parole de l'opposant politique russe, a annoncé sur Twitter qu'il serait maintenu en prison jusqu'au 15 février, au lendemain de son arrestation dans un aéroport de Moscou alors qu'il rentrait tout juste en Russie.

Cette décision a été prise par le tribunal de Khimk, en banlieue de Moscou, au terme d'une audience qui s'est tenue dans le commissariat même où il est détenu.

>> Lire aussi : De retour en Russie, Alexeï Navalny interpellé à son arrivée à Moscou

"Je ne comprends pas ce qu'il se passe. J'ai vu beaucoup de parodies de justice (...), mais là c'est l'illégalité la plus totale", avait déclaré Alexeï Navalny dans une vidéo diffusée sur Twitter par sa porte-parole Kira Iarmych, peu avant l'ouverture de l'audience. Plus tôt dans la journée, ses partisans ont affirmé que son arrestation était "illégale" et que la police l'empêchait de voir ses avocats.

>> Ecouter aussi l'interview de Cyrille Bret, maître de conférences à Sciences-Po Paris et spécialiste de la politique russe :

L'opposant russe Alexeï Navalny a été arrêté à son arrivée à l'aéroport de Cheremetievo à Moscou. [AFP - Kirill Kudryavtsev]AFP - Kirill Kudryavtsev
Retour sur l’arrestation controversée de Navalny en Russie: interview de Cyrille Bret / Le 12h30 / 3 min. / le 18 janvier 2021

"Descendez dans la rue, pas pour moi mais pour vous-mêmes"

Juste après cette décision, une vidéo de l'opposant filmée dans la salle d'audience a été diffusée sur les réseaux sociaux. Sur ces images, il appelle les Russes à porter le combat de l'opposition dans la rue. "Ce que ces bandits craignent le plus, vous le savez, c'est que les gens descendent dans la rue (...) alors n'ayez pas peur, descendez dans la rue, pas pour moi mais pour vous même, pour votre avenir", a-t-il dit dans une vidéo filmée dans la salle d'audience et diffusée sur les réseaux sociaux.

Le bras droit de l'opposant Léonid Volkov a ensuite annoncé sur Twitter que les équipes d'Alexeï Navalny "commençaient à se préparer à de grandes manifestations dans tout le pays le 23 janvier".

Arrêté pour s'être fait soigner en Allemagne

Charismatique militant anti-corruption et ennemi juré du Kremlin, Alexeï Navalny, 44 ans, a été, selon des laboratoires occidentaux, empoisonné en août par un agent innervant de type Novitchok, substance développée à des fins militaires à l'époque soviétique.

Dimanche, l'opposant était entré dans la capitale russe après cinq mois de convalescence en Allemagne. Il a été interpellé dès son arrivée, le service pénitencier russe (FSIN) lui reprochant d'avoir violé des mesures de contrôle judiciaire en allant se faire soigner à l'étranger.

ebz/vic avec les agences

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Appels à une libération immédiate

Dans une déclaration publiée au nom des Vingt-Sept par le chef de la diplomatie européenne Josep Borrell, les Etats membres de l'UE ont condamné lundi l'arrestation de l'opposant russe Alexeï Navalny et demandé sa libération "immédiate", ainsi que celle de tous les journalistes et citoyens détenus en raison de leurs reportages et de leur soutien à l'opposant. "La politisation du système judiciaire est inacceptable et les droits d'Alexeï Navalny doivent être respectés", ont dénoncé les 27 dans leur déclaration commune.

"Cette détention confirme une tendance négative persistante consistant à réduire l'espace de l'opposition, la société civile et les voix indépendantes dans la Fédération de Russie. L'UE suivra de près l'évolution de la situation dans ce domaine et continuera à en tenir compte dans l'élaboration de sa politique à l'égard de la Russie", ont-ils averti.

Nouvelles sanctions en discussion

"Si Navalny n'est pas libéré, nous devons envisager l'imposition de mesures restrictives en réponse à cet acte", a plaidé le chef de la diplomatie de la Lettonie Edgars Rinkevics. Sa demande est soutenue par l'Estonie et la Lituanie. "Les discussions vont bon train entre les Etats membres", a indiqué de son côté Josep Borrell, tout en rappelant que l'adoption de nouvelles sanctions nécessitait l'unanimité des Etats membres de l'UE.

L'arrestation d'Alexeï Navalny, 44 ans, avait été condamnée dès dimanche par le président du Conseil européen Charles Michel, par celui du président du Parlement européen David Sassoli et par Josep Borrell. "L'arrestation d'Alexeï Navalny à Moscou est une offense faite à la communauté internationale, à l'Europe qui a contribué à lui sauver la vie", a notamment dénoncé David Sassoli.

Ursula von der Leyen condamne

La présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen, le secrétaire général de l'OTAN Jens Stoltenberg et le Haut-Commissariat de l'ONU aux droits de l'homme se sont joints lundi aux appels internationaux demandant la libération immédiate de l'opposant.

Par la voix de son chef de la diplomatie Sergueï Lavrov, la Russie a rejeté ces critiques, estimant que les Occidentaux cherchaient, en s'en prenant à la Russie, "à détourner l'attention de la profonde crise qui mine le modèle de développement libéral".

>> Les détails dans Forum :

L'opposant russe Alexeï Navalny lors de son embarquement à Berlin. [Keystone/AP Photo - Mstyslav Chernov]Keystone/AP Photo - Mstyslav Chernov
L'arrestation d'Alexeï Navalny provoque un tollé en Europe: interview de Jacques Maire / Forum / 4 min. / le 18 janvier 2021

Le DFAE préoccupé

Le Département fédéral des affaires étrangères (DFAE) a appris avec préoccupation l'arrestation de l'opposant russe Alexeï Navalny lors de son retour à Moscou dimanche, ainsi que sa condamnation lundi.

"La justice doit être indépendante de la politique et respecter les droits humains", a expliqué lundi le DFAE. Des procédures judiciaires ne doivent pas être utilisées comme moyen de persécution politique. Chaque individu a droit à une procédure juste et respectant l'Etat de droit, comme à l'accès à un tribunal indépendant et impartial.

La Suisse exhorte en outre la Russie depuis septembre à lancer une enquête indépendante sur l'empoisonnement de l'opposant. Les responsables de cet attentat doivent être traduits en justice.