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Prix des carburants: la grogne s'étend

Les pêcheurs bloquent toujours de nombreux ports français.
Les pêcheurs bloquent toujours de nombreux ports français.
Les protestations contre l'envolée des prix des carburants ont encore pris de l'ampleur mercredi. En Europe, les agriculteurs et les routiers ont entamé de nouvelles actions et le mouvement des pêcheurs s'est propagé.

En France, un agriculteur et un policier ont été légèrement
blessés lorsque les forces de l'ordre ont chargé des agriculteurs
qui bloquaient le dépôt pétrolier de Frontignan (sud), faisant
usage des gaz lacrymogènes.

Une centaine d'agriculteurs, dont certains tiraient un tracteur
avec une corde, ont aussi manifesté dans les rues du centre de
Lille (nord).

Bateaux à quai

Les marins-pêcheurs ont eux multiplié leurs actions, malgré des
signes de division dans un mouvement soumis à une pression
croissante des distributeurs et de la justice. Ils ont installé des
barrages filtrants dans l'ouest de la France et déversé trois
tonnes de poisson sur la chaussée.



A Perpignan (sud), une cinquantaine de marins-pêcheurs se sont
emparés des produits de la mer d'une grande surface pour les donner
aux passants. En raison de ces événements, le commissaire européen
à la Pêche, Joe Borg, a "reporté" une visite prévue jeudi et
vendredi dans l'Hexagone.

La grogne s'étend

En Espagne, où une manifestation nationale est prévue vendredi à
Madrid, la "grève illimitée" des petits patrons pêcheurs se
poursuivait dans les ports catalans de Barcelone, Port de la Selva
et Vilanova (nord-est), selon un responsable des pêcheurs.



Parallèlement, des pêcheurs ne sont pas sortis en mer en
Andalousie (sud). Les pêcheurs portugais, qui rencontraient dans la
journée leur ministre, devaient aussi se mettre en grève illimitée
vendredi. Selon un représentant des pêcheurs, la paralysie du
secteur devrait être "totale" à l'exception des archipels des
Açores et de Madère, où le prix des carburants est plus bas en
raison d'une fiscalité allégée.

Défilés de camions

En Bulgarie, environ 150 camions ont défilé sur le boulevard
circulaire de Sofia, demandant au gouvernement la "maîtrise de la
hausse spéculative du prix du diesel". Les sociétés de transport
d'autobus ont menacé pour leur part d'arrêter pour une heure le
transport des passagers vendredi.



Aux Pays-Bas, les deux premières organisations de transporteurs
ont appelé les routiers à klaxonner trois fois jeudi en fin de
matinée dans tout le royaume. Des panneaux seront disposés en onze
endroits très fréquentés, proclamant "la coupe est pleine, le
réservoir est vide".



Les cours du pétrole brut, à près de 127 dollars le baril
mercredi, ont été multipliés par six depuis 2002. Ils ont toutefois
franchement reculé mardi et mercredi sur les marchés financiers,
les analystes s'attendant à une baisse de la demande.



agences/lan/tac

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Manifestations aussi en Indonésie

En Indonésie, la hausse de près de 30% des carburants, en raison de la réduction des subventions publiques, a également mis le feu aux poudres.

Mercredi, sur l'île de Sumatra, des étudiants en colère ont tenté sans succès de braver des barrages policiers pour bloquer le convoi du vice-président Jusuf Kalla.

A Surabaya, la deuxième plus grande ville du pays, des centaines d'étudiants et de pêcheurs ont bloqué une autoroute et intercepté un camion qui transportait du kérosène.

Des avocats ont par ailleurs engagé devant la justice une action collective contre le président Yudhoyono "au nom du peuple", pour obtenir des millions de dollars afin de compenser la hausse du carburant

Dans ce contexte tendu, le ministre de l'Energie a annoncé mercredi que l'Indonésie allait se retirer de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP). L'Indonésie, dont la production de pétrole a décliné depuis 1995, est devenue importateur net, alourdissant d'autant sa facture énergétique.

Inflation ou pas inflation en Suisse?

Les records de prix du pétrole et de l'alimentation nourrissent de plus en plus de craintes inflationnistes à l'échelle planétaire. En Suisse, ou l'inflation a atteint son plus haut de 14 ans avec 2,6% en mars, les avis divergent quant à leur impact sur la conjoncture économique.

Pour certains analystes comme Bernard Lambert de la banque Pictet & Cie, ce prix élevé du brut ne conduira pas forcément à une inflation durable. «Le pétrole va casser la consommation des ménages. De fait, on ne pourra pas augmenter les prix, ni les salaires. Il n'y a donc pas de risque en termes de dérapages inflationnistes», estime l'expert.

Un optimisme que ne partage pas Roland Duss de la banque privée genevoise Gonet & Cie, pour qui les cours vertigineux du pétrole et des matières premières seront répercutés par une hausse généralisée des prix dans de nombreux secteurs. Une inflation durable serait de ce fait au menu des prochaines années.