Au total, 51 Etats se sont déjà associés à ce traité (TIAN) porté pendant longtemps par la société civile. L'accord interdit l'utilisation, le développement, la production, les essais, le stationnement, le stockage et la menace d'utilisation de telles armes. Mais aussi d'assister quiconque pour ces activités.
Autre composante, les victimes doivent être soutenues par des soins et une assistance économique. L'arrangement avait été approuvé par l'assemblée générale de l'ONU en juillet 2017, avec le soutien de 122 pays. Et il a ensuite été signé par plusieurs dizaines d'entre eux, mais pas la Suisse.
Après avoir soutenu dans un premier temps le TIAN, Berne s'est abstenu, redoutant que cet accord ne fragilise le Traité de non-prolifération (TNP). Celui-ci encadre la question nucléaire depuis 50 ans et rassemble notamment les principales puissances.
Réflexion prolongée jusqu'à la fin 2021
La Suisse a toujours affirmé partager les objectifs humanitaires et de désarmement du TIAN. Le Parlement avait prié en 2019 le Conseil fédéral de s'associer au traité, à la suite d'une motion de Carlo Sommaruga (PS/GE). Temporisant, le gouvernement avait alors promis de réévaluer la situation d'ici fin 2020.
Mais la pandémie, qui a provoqué le décalage de la conférence de suivi du TNP de mai dernier à août prochain, l'a poussé à prolonger ce dispositif jusqu'à fin 2021.
Pour le président du Comité international de la Croix-Rouge (CICR) Peter Maurer, l'entrée en vigueur du TIAN constitue un succès "pour l'humanité" et une "avancée historique". L'accord étend "la délégitimation de ces armes inhumaines", estime-t-il.
Plusieurs effets à attendre
Mais le TIAN "n'est qu'un début", fait remarquer le président de la Fédération internationale des sociétés nationales de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge (FICR). "La lutte pour un monde dénucléarisé est loin d'être terminée".
Preuve en est, les Etats nucléaires relèvent que la situation ne changera pas pour eux. Dernier exemple en date, le débat sur les réseaux sociaux entre la directrice exécutive d'ICAN et le représentant russe auprès de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA).
Pour autant, de nombreux experts s'appuient sur les expériences similaires des Conventions contre les armes chimiques et biologiques et les accords contre les mines antipersonnel et les bombes à sous-munitions. Même si certains Etats ne s'y associent pas, ces traités ont une portée mondiale et ont été accompagnés d'effets.
Au total, les neuf pays nucléaires connus rassemblent plus de 13'000 armes, dont 1800 environ en état d'alerte opérationnelle élevée. Les Etats du TIAN doivent se réunir cette année pour la première fois afin de dialoguer sur l'accord.
ats/vajo