Modifié

"La balle est dans le camp de Pékin" pour remonter aux origines du Covid

Entretien avec Antoine Bondaz, chercheur à la Fondation pour la recherche stratégique (vidéo)
Entretien avec Antoine Bondaz, chercheur à la Fondation pour la recherche stratégique (vidéo) / La Matinale / 8 min. / le 22 janvier 2021
L'enquête de l’Organisation mondiale de la santé sur les origines du coronavirus est compromise par le contrôle exercé par Pékin, selon Antoine Bondaz, chercheur à la fondation pour la Recherche stratégique.

Interrogé dans La Matinale, Antoine Bondaz déclare ne pas avoir beaucoup d'attentes vis-à-vis de l'enquête commanditée par l'Organisation mondiale de la santé sur les origines du coronavirus. Il y a près d'un an, le 23 janvier 2020, Wuhan, le berceau de la pandémie, était strictement confiné par les autorités chinoises.

>> Pour rappel : L'équipe de l'OMS en route pour la Chine attend toujours des visas

Pour le chercheur à la fondation pour la Recherche stratégique et enseignant à Sciences Po Paris, l'enjeu est de comprendre la pandémie actuelle, mais aussi et surtout de pouvoir mieux prévenir et contrôler les prochaines.

Mais comme le reconnaissent les enquêteurs de l'OMS, actuellement en quarantaine à Wuhan, ce sont les scientifiques chinois qui ont la clef pour analyser l'émergence et la propagation du virus.

Des conditions imposées par Pékin

Or, Pékin a mis ses conditions à la venue de l’équipe dont elle a validé les membres. La mission sera strictement encadrée et se basera sur les études préexistantes effectuées par les chercheurs chinois supervisés par le pouvoir.

Pour le chercheur, il semblerait ainsi que les autorités politiques ne soient pas prêtes "à laisser leurs scientifiques faire leur travail en toute liberté", puisqu'elles cherchent à "imposer un récit national et une chronologie des évènements à des fins politiques".

La Chine souhaite en effet se donner l'image de la grande gagnante de la pandémie. Elle veut ainsi convaincre sa population et la scène internationale de la supériorité de son modèle de gouvernance, par contraste avec la gestion occidentale du virus.

>> Ecouter l'éclairage de notre correspondant en Chine Michael Peuker :

Quelle est la situation à Wuhan, une année après le confinement?
Quelle est la situation à Wuhan, une année après le confinement? (vidéo) / La Matinale / 3 min. / le 22 janvier 2021

>> Lire aussi : Comment la Chine réécrit l'histoire des origines du coronavirus

Une sous-estimation de la part de l'Europe?

Antoine Bondaz reconnaît le "manque de préparation des Européens" notamment sur l'absence de stockage de matériel et de plan pandémique. Pour lui, nous en payons aujourd'hui les conséquences.

Il rappelle toutefois que les gouvernements occidentaux ne disposaient pas de toutes les informations, Pékin n'ayant pas immédiatement transmis toutes les données à sa disposition.

Il semblerait par exemple que les autorités savaient bien avant le 20 janvier 2020 - date de leur annonce officielle - que le virus pouvait se transmettre entre les humains.

Un an après le verrouillage de Wuhan, une hausse inquiétante des cas

Il y a près d'un an, le 23 janvier 2020, Pékin bloquait l’accès à la localité de Wuhan, enfermant chez eux ses 11 millions d'habitants pendant 76 jours.

L'objectif? Contenir la propagation du virus. Il semblerait que cette stratégie ait fonctionné, puisque Antoine Bondaz rappelle que plus de 85% des décès en Chine ont eu lieu dans cette province.

Toutefois, la hausse récente des cas inquiète les autorités chinoises, notamment car les foyers épidémiques se trouvent désormais plus proches de la capitale. En outre, le Nouvel An chinois laisse présager d'importants déplacements de la population, susceptibles de faire circuler le virus encore davantage. En réaction, une vaste campagne de dépistage a été lancée vendredi à plusieurs endroits de la capitale.

Propos recueillis par Valérie Hauert

Adaptation web Anouk Essyad

Publié Modifié