Ininterrompues sur la place Tahrir au Caire, les manifestations de 2011 avaient mené, en moins de trois semaines, à la démission det Hosni Moubarak. Mais dix ans plus tard, le bilan est amer, car le régime militaire qui lui a succédé est bien plus répressif.
Au dictateur Moubarak a en effet succédé une brève transition dominée par le mouvement islamiste des Frères musulmans, avant la reprise en main d'un état-major militaire et d'un président autoritaire, Abdel-fatah Al-Sissi, encore en poste aujourd'hui.
"Un mouvement vaincu, éparpillé, mais menaçant"
Mais pour celles et ceux qui se battaient de longue date pour leurs libertés, l’événement reste historique. Certaines luttaient même depuis plusieurs décennies, à l'image de Shahira Mehrez. En 2011, cette architecte est âgée de 65 ans lorsqu'elle se rend, comme d'habitude, à une manifestation contre la police. Mais ce jour-là, les manifestants affluent, et rien ne se passe comme d'habitude.
Et si, 10 ans plus tard, le régime militaire a écrasé ces espoirs de liberté et justice sociale, enfermant journalistes, blogueurs ou intellectuels dissidents, Laila Soueif, une autre activiste de la première heure, ne regrette pas l'ère Moubarak.
"Désormais, nous formons un mouvement collectif", explique-t-elle, "il est vaincu, éparpillé, mais des milliers voire des millions de personnes ont découvert qu'elles partagent les mêmes idées de démocratie, de droits humains. Et c'est important".
Et pour cause, la menace d'une nouvelle révolution est devenue l’obsession du régime actuel, qui interdit tout rassemblement, en particulier sur la place Tahrir, énorme rond-point au centre du Caire quadrillé par les forces de sécurité.
Ariane Lavrilleux/jop