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La Grèce et la Turquie reprennent le dialogue pour apaiser les tensions

La Turquie a dit lundi vouloir "régler les problèmes" avec la Grèce. [Keystone/EPA - Turkish Foreign Ministry]
Pourparlers exploratoires entre la Grèce et la Turquie / Tout un monde / 5 min. / le 26 janvier 2021
Une délégation grecque s'est rendue lundi à Istanbul pour la reprise de "pourparlers exploratoires" avec la Turquie sur le différend en Méditerranée orientale. Cette rencontre intervient cinq ans après l'interruption du dialogue entre les deux voisins.

Pour reprendre ces échanges interrompus en mars 2016, la Grèce avait exigé de la Turquie qu’elle cesse ses missions d’exploration gazière dans des zones maritimes disputées. Le pays de Recep Tayyip Erdogan a accepté.

Après avoir instrumentalisé pendant des mois la crise avec Athènes, le président turc donne maintenant l'impression de chercher l'apaisement.

Fin novembre 2020, la Turquie a en effet ramené au port d’Antalya le navire dont les activités avaient cristallisé toutes les tensions à l’été et pendant l’automne: le fameux Oruç Reis et son escorte militaire. Fin décembre, elle annonçait que ce bateau reprenait sa mission jusqu’à mi-juin 2021, mais dans les eaux territoriales turques.

Calmer le jeu avec l'Europe

Cette annonce a permis la reprise des discussions avec la Grèce. La Turquie a fait le premier pas en proposant d’accueillir une rencontre à Istanbul. Mais ce n’est pas tant avec la Grèce elle-même que Recep Tayyip Erdogan cherche actuellement à calmer le jeu, mais avec l’Union européenne.

Le président turc a en effet multiplié les déclarations cordiales à l’égard de l’Europe ces dernières semaines.

Recep Tayyip Erdogan a dû sentir que l’économie risquait de plonger en cas de sanctions lourdes de l'Europe à un moment où son allié Donald Trump venait de perdre la Maison Blanche.

La victoire du démocrate Joe Biden à la présidentielle américaine a obligé le dirigeant turc à revoir certaines stragégies. L’apaisement avec la Grèce, l’Europe et la France, n’a été amorcé qu’à partir du moment où la défaite de Donald Trump a semblé évidente.

La Grèce avance prudemment

La Grèce, quant à elle, avance prudemment. Elle reste très méfiante car les deux pays n'ont pas trouvé d'agenda commun.

La Grèce ne veut en aucun cas être traînée à une table des négociations sur laquelle la Turquie aura posé tous les problèmes qu'elle estime en suspens. Pour Athènes, il n'y a qu'un seul problème à discuter: la question de la délimitation du plateau continental entre les deux pays. Si aucune solution à l'amiable n'est trouvé, ce sera au Tribunal international de La Haye de trancher.

Athènes refuse que l'on revienne sur les frontières établies en 1922 et que sa souveraineté sur les îles et îlots grecs de la mer Egée soit remise en question. La Grèce ne veut pas que cette reprise de dialogue soit perçue comme une remise en question de cette souveraineté, mais elle ne veut pas non plus être accusée de refuser le dialogue. D'un côté elle accepte de discuter, mais de l'autre elle se prépare au pire.

Anne Andlauer / Angélique Kourounis / gma

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