Le président Sergio Mattarella a reçu en matinée Giuseppe Conte au palais du Quirinal, "qui a remis la démission de son gouvernement". "Le président prendra son temps pour décider et a invité le gouvernement à rester en fonction pour gérer les affaires courantes", précise le communiqué.
En pleine pandémie du coronavirus, qui a mis l'économie du pays à terre et fait plus de 85'000 morts, Giuseppe Conte était privé de majorité parlementaire après la défection du petit parti de l'ancien Premier ministre Matteo Renzi.
La semaine dernière, le gouvernement avait réussi de justesse à remporter un vote de confiance au Parlement, mais le répit aura été de courte durée: un autre vote prévu cette semaine était quasiment perdu d'avance.
Former un nouveau gouvernement
Sergio Mattarella va désormais entamer une série de consultations avec tous les partis à l'issue de laquelle, il pourrait confier le soin à Giuseppe Conte de former un nouveau gouvernement avec une nouvelle majorité, plus large et ouverte à de nouveaux partis de l'opposition, de centre-droit.
C'est en tout cas à ce stade, le scénario privilégié, car Giuseppe Conte conserve pour l'instant le soutien de la gauche et du Mouvement 5 étoiles.
L'objectif de Giuseppe Conte est de mettre sur pied une large majorité allant du centre-droit à la gauche post-communiste, une majorité de "sauvegarde nationale" alors que le pays est en pleine crise sanitaire et économique.
Reste que cette solution n'est pas encore garantie. Giuseppe Conte (lire encadré) n'est pas à l'abri de coups tordus pour lui pour lui barrer la route vers un nouveau mandat.
Eric Jozsef/sjaq avec agences
Giuseppe Conte, l'illustre inconnu qui veut durer
Giuseppe Conte est devenu Premier ministre en Italie sans s'être jamais frotté au suffrage universel, mais il a fait preuve jusqu'ici d'une grande habilité politique pour rester au pouvoir.
Cet avocat et professeur de droit de 56 ans, qui n'a jamais été candidat à une élection, était un illustre inconnu lorsqu'il a pris la tête d'un premier gouvernement en juin 2018. Orateur volubile, peu charismatique mais rassurant, il dirigeait son deuxième gouvernement depuis septembre 2019.
L'ex-Premier ministre Matteo Renzi (2014-2016) a fait exploser la coalition au pouvoir en retirant son petit parti Italia Viva, né en septembre 2019 d'une dissidence du Parti démocrate (centre-gauche).
Pendant des semaines, le bouillonnant Renzi a pilonné le chef du gouvernement italien, l'accusant de "dilapider" la manne du colossal plan européen de relance en distribuant aides et ristournes fiscales au détriment des investissements dans les infrastructures. La semaine dernière, le gouvernement avait réussi de justesse à remporter un vote de confiance au parlement, mais le répit aura été de courte durée: un autre vote prévu cette semaine était quasiment perdu d'avance.
Reste que la popularité de Giuseppe Conte est élevée, car il a su notamment taper du poing sur la table lors des négociations européennes pour aboutir à un plan de solidarité généreux.
Politiquement indépendant mais très proche de l'inclassable Mouvement 5 Etoiles (qualifié "d'anti-système" avant d'accéder au pouvoir), électeur de gauche toute sa vie, il avait été propulsé en juin 2018 Premier ministre, du jour au lendemain. Parti un matin pour donner ses cours à l'université de Florence, il avait prêté serment le lendemain et représentait l'Italie à la table du G7 au Canada une semaine plus tard.
Né en 1964 à Volturara Appula, un village de 500 habitants dans les Pouilles, Giuseppe Conte est le premier chef du gouvernement à être originaire du sud de l'Italie en trois décennies.
Après des études de droit dans la capitale, l'avocat catholique a enseigné le droit privé en Sardaigne, à Rome, à Florence et à Malte. Il a aussi été membre du conseil d'administration de l'Agence spatiale italienne, consultant juridique de la Chambre de commerce de Rome et membre du comité de surveillance de plusieurs compagnies d'assurances en faillite.