déplacés où ils s’étaient réfugiés vont fermer, sur décision gouvernementale. Près de 250'000 personnes se retrouvent dehors, dont beaucoup n’ont nulle part où aller.
Ainsi à Jeddah, près de Mossoul, les camions du gouvernement sont en train de raser un immense camp abritant plusieurs milliers de personnes sous les yeux de leurs habitants dépités qui n'ont nulle part où aller.
La plupart des familles qui vivent dans ce camp sont en effet soupçonnées, à tort ou à raison, d'avoir appartenu au groupe Etat islamique. L'étiquette de "terroristes" frappe toute la famille sans distinction. Elle ne peut pas rentrer chez elle car elle y est menacée par des voisins en quête de revanche ou par des milices chiites. Ces groupes armés, qui ont combattu le groupe EI, sont souvent restés dans les zones reconquises.
Pour ces familles, le problème est non seulement sécuritaire, mais aussi humanitaire.
Haine du gouvernement
Même ceux qui pourraient rentrer n'ont plus de maison. Leurs régions d'origine ont été détruites par la guerre. La reconstruction de ces zones n'est pour l'instant pas au programme du gouvernement. Beaucoup plantent des tentes dans des camps informels en périphérie des villes. Très peu d'ONG y accèdent, et les familles doivent se débrouiller toutes seules pour survivre.
De quoi provoquer une haine grandissante envers le gouvernement, qui les prive de tout. En fermant les camps, l'Etat irakien voulait casser des foyers de radicalisation potentiels. Mais il est en train de disséminer le problème dans tout le pays et de renforcer la fracture entre ces familles et le reste de la population.
Lors de l'avènement du groupe Etat islamique avant 2014, de nombreuses personnes s'étaient tournées vers le groupe faute d'être soutenues par l'Etat irakien. Les mêmes erreurs sont aujourd'hui en train d'être commises, avec une population marginalisée et privée de ses droits les plus élémentaires.
Noé Pignede/lan