Au moins quinze insurgés ont été tués et 20 prisonniers repris.
"Plus de 15 insurgés ont été tués samedi par les forces de sécurité
afghanes et de la coalition dans une ferme à l'ouest de Rawonay,
dans la province de Kandahar, au cours d'une perquisition pour
retrouver les prisonniers évadés", a indiqué la coalition
internationale sous commandement américain dans un communiqué.
"Une importante cache d'armes et d'explosifs a été découverte au
cours de l'opération. Les bâtiments de la ferme ont été détruits
par des frappes aériennes, après que des insurgés ont ouvert le
feu", a-t-elle précisé. Cinq suspects ont également été arrêtés,
selon la coalition, qui précise qu'elle ne sait pas si les insurgés
tués et capturés étaient des prisonniers évadés. Par ailleurs, 20
évadés ont été arrêtés entre samedi et dimanche, selon les
autorités afghanes.
"La police et l'armée nationale afghane ont capturé dimanche matin
14 évadés de la prison, dans la ville de Kandahar et dans les
environs", a déclaré le chef de la police de la province, Sayed
Agha Saqib. Samedi, 6 d'entre eux avaient déjà été repris.
Une opération d'envergure
L'attaque de la prison de Sarposa, suivie de l'évasion massive
de près d'un millier de détenus, constitue l'une des actions les
plus audacieuses et spectaculaires menées par les talibans.
Vendredi soir, un kamikaze avait précipité un véhicule piégé contre
la porte d'entrée de l'établissement, ouvrant une large brèche dans
le mur d'enceinte. Un commando avait ensuite pris d'assaut la
prison à l'arme légère et au lance-roquettes.
Seuls 40 gardes surveillaient la prison lors de l'attaque, ont
reconnu les autorités. Plus de 1100 détenus ont réussi à s'enfuir,
selon le général Branco, porte-parole de la Force internationale
d'assistance à la sécurité (ISAF) de l'OTAN. Pour sa part, le
ministre adjoint de la justice, Mohammad Qasim Hashimzai, a fait
état de 886 évadés, parmi lesquels plus de 380 talibans.
Des violences en augmentation
Les talibans ont lancé une insurrection meurtrière depuis qu'ils
ont été chassés du pouvoir fin 2001 par une coalition
internationale. Les violences s'accroissent depuis deux ans en
dépit de la présence de 70'000 soldats étrangers au sein de deux
forces internationales, l'une de l'OTAN et l'autre sous
commandement américain.
Depuis le début de l'année, les talibans mènent des opérations de
plus en plus spectaculaires, comme l'attentat visant le 14 janvier
un luxueux hôtel de Kaboul, ou la tentative d'assassinat du
président Hamid Karzaï lors d'un défilé militaire le 27 avril.
L'attaque de la prison se démarque toutefois de ces deux précédents
par le fait qu'elle constitue un "succès indéniable", et non un
acte de propagande masquant un échec militaire, selon une source
militaire occidentale.
Le responsable de l'administration pénitentiaire, Amir Mohammad
Jamshid, a affirmé que des "importants responsables talibans"
faisaient partie des évadés, sans donner leurs noms. La province de
Kandahar, berceau des talibans, est encore aujourd'hui l'un de
leurs bastions.
agences/hoj
Hamid Karzaï met en garde le Pakistan
Le président afghan Hamid Karzaï a affirmé dimanche que son pays avait "le droit d'aller détruire les repaires de terroristes" situés au Pakistan voisin, au nom de la "légitime défense".
Il s'agit d'une des déclarations les plus fortes du président afghan, qui a souvent accusé Islamabad de ne pas faire suffisamment d'efforts pour empêcher des talibans afghans et des combattants d'Al-Qaïda de passer en Afghanistan.
Le Pakistan, de son côté, accuse Kaboul et les forces internationales de ne pas être en mesure de vaincre les talibans en Afghanistan et d'être à l'origine de leur repli en territoire pakistanais et des violences qui ensanglantent le Pakistan.
"Quand ils traversent la frontière depuis le Pakistan pour venir attaquer et tuer les forces de sécurité afghanes et les soldats de la coalition, cela nous donne le droit d'en faire autant", a poursuivi Hamid Karzaï.
"Quand Baïthullah Mehsud annonce qu'il va se rendre en Afghanistan et mener le jihad, cela veut dire que la ligne Durand n'existe plus", a souligné le président afghan, en référence à la frontière qui sépare l'Afghanistan et le Pakistan.
Baïthullah Mehsud dirige le mouvement des talibans pakistanais et est considéré par Washington comme le chef d'Al-Qaïda au Pakistan.
Il a engagé des négociations de paix avec le nouveau gouvernement à Islamabad, tout en prévenant qu'il poursuivrait son combat en Afghanistan.
Nouveaux milliards d'aide promis
L'attaque de la prison de Sarposa est survenue au lendemain de la conférence de Paris.
La communauté internationale a promis plus de 20 milliards de dollars d'aide pour le développement et la reconstruction de l'Afghanistan.
Avec plus de 15 millions de francs pour 2008, la Suisse a également indiqué qu'elle allait consolider son engagement dans ce pays.