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Coup d'Etat en Birmanie, Aung San Suu Kyi arrêtée par l'armée

Coup d'État militaire en Birmanie. Aung San Suu Kyi a été arrêtée
Coup d'État militaire en Birmanie. Aung San Suu Kyi a été arrêtée / 12h45 / 1 min. / le 1 février 2021
L'armée birmane a organisé un coup d'État lundi et a arrêté la cheffe de facto du gouvernement civil Aung San Suu Kyi, ainsi que plusieurs responsables de son parti. Elle a proclamé l'état d'urgence pour un an et placé ses généraux aux principaux postes.

Cette décision est nécessaire pour préserver la "stabilité" de l'État, ont annoncé les militaires sur leur TV. Ils accusent la commission électorale de ne pas avoir remédié aux "énormes irrégularités" qui ont eu lieu, selon eux, lors des législatives de novembre, remportées massivement par le parti d'Aung San Suu Kyi, la ligue nationale pour la démocratie (LND), au pouvoir depuis les élections de 2015.

Selon un communiqué de l'armée, Min Aung Hlaing concentre désormais les pouvoirs "législatif, administratif et judiciaire", tandis qu'un autre général, Myint Swe, a été désigné président par intérim, un poste largement honorifique.

L'armée s'est emparée de l'hôtel de ville de Rangoun, la capitale économique du pays. Quelques heures plus tôt, Aung San Suu Kyi et le président birman, Win Myint, ont été arrêtés.

La dirigeante birmane Aung San Suu Kyi, photographiée le 15 novembre 2017. [AFP - Aung Htet]
La dirigeante birmane Aung San Suu Kyi, photographiée le 15 novembre 2017. [AFP - Aung Htet]

"Nous avons entendu dire qu'ils étaient détenus à Naypyidaw", la capitale du pays, a précisé le porte-parole de la LND. Plusieurs autres responsables ont aussi été interpellés, selon lui.

Appel à manifester contre le putsch

La Ligue nationale pour la démocratie (NLD) a déclaré lundi que sa dirigeante Aung San Suu Kyi appelait la population à ne pas accepter le putsch mené par l'armée birmane et à manifester, après que la cheffe de facto du gouvernement et plusieurs cadres du NLD ont été arrêtés à l'aube.

"Les agissements de l'armée sont des actions qui remettent le pays sous dictature", a dit la NLD dans un communiqué signé du nom d'Aung San Suu Kyi. "J'exhorte la population à ne pas accepter cela, à réagir et à manifester de tout coeur contre le putsch mené par l'armée".

>> Les réactions à ce coup d'Etat : Aung San Suu Kyi appelle la population à "ne pas accepter" le putsch militaire

Première session du Parlement prévue dès lundi

Ce coup d'Etat intervient alors que le Parlement issu des dernières législatives devait entamer sa première session ce lundi. La Birmanie est sortie il y a tout juste 10 ans d'un régime militaire au pouvoir pendant presque un demi-siècle. Les deux derniers coups d'Etat depuis l'indépendance du pays en 1948, remontent à 1962 et 1988.

Les militaires dénonçaient depuis plusieurs semaines plus d'une dizaine de millions de cas de fraudes lors des législatives de novembre. Ils exigeaient que la commission électorale, dirigée par le gouvernement, publie la liste des électeurs à des fins de vérification, ce que la commission n'a pas fait.

Les craintes d'une action des militaires s'étaient renforcées, quand le chef de l'armée, le général Min Aung Hlaing - sans doute l'homme le plus puissant du pays - avait déclaré que la constitution pouvait être "révoquée" dans certaines circonstances.

Partage du pouvoir délicat

En 2015, la LND avait obtenu une large majorité. Mais elle avait été contrainte à un délicat partage du pouvoir avec l'armée qui contrôle trois ministères clés, l'intérieur, la défense et les frontières.

Longtemps exilée en Angleterre, Aung San Suu Kyi, aujourd'hui âgée de 75 ans, est rentrée en Birmanie en 1988, devenant la figure de l'opposition face à la dictature militaire. Elle a passé 20 ans en résidence surveillée avant d'être libérée par l'armée en 2010.

agences/br

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"Relation compliquée"

La Birmanie est sortie il y a tout juste 10 ans d'un régime militaire au pouvoir pendant presque un demi-siècle. Les deux derniers coups d'Etat depuis l'indépendance du pays en 1948 remontent à 1962 et 1988.

"La relation entre le gouvernement et les militaires était compliquée", a déclaré à l'AFP Hervé Lemahieu, spécialiste auprès de l'institut Lowy en Australie. "Ce régime hybride, pas tout à fait autocratique ni tout à fait démocratique, s'est effondré sous le poids de ses propres contradictions".

Le parti d'Aung San Suu Kyi, très critiquée à l'international pour sa gestion de la crise des musulmans rohingyas, mais toujours adulée par une majorité de la population, avait remporté une victoire écrasante en novembre. Il s'agissait des deuxièmes élections générales depuis 2011, année de la dissolution de la junte.

Réactions internationales

L'accès à Internet et les télécommunications étaient gravement perturbées dans le pays, a relevé l'ONG spécialisée Netblocks. L'accès à l'aéroport international de Rangoun était également bloqué, a constaté l'AFP.

L'ONU, les États-Unis et l'Australie ont immédiatement condamné les arrestations. Ils ont appelé à leur libération immédiate et au rétablissement de la démocratie.

Avec "la déclaration du transfert de tous les pouvoirs législatifs, exécutifs et judiciaires aux militaires", "ces développements portent un coup dur aux réformes démocratiques en Birmanie", a indiqué le secrétaire général de l'ONU, António Guterres dans un communiqué. Le Conseil de sécurité doit se réunir dans les prochains jours pour aborder le sujet.

Les États-Unis ont pour leur part menacé de prendre "des mesures contre les responsables", a averti la porte-parole de la Maison-Blanche, Jen Psaki, dans un communiqué.