Alors que les rumeurs de coup d'Etat se renforçaient dans le pays ces derniers jours, la cheffe de facto du gouvernement civil "a laissé ce message au peuple", a expliqué sur Facebook Win Htein, le président de son parti, la Ligue nationale pour la démocratie.
L'armée tente "de replonger le pays sous la dictature militaire en négligeant la pandémie de coronavirus" qui frappe de plein fouet la Birmanie, a écrit Aung San Suu Kyi, d'après cette déclaration, demandant à la population de "réagir à l'unanimité".
Les militaires ont promis de nouvelles élections "libres et équitables", une fois que l'état d'urgence d'un an sera levé. Jugeant leur prise de pouvoir nécessaire pour préserver la "stabilité" de l'État, ils accusent la commission électorale de ne pas avoir remédié aux "énormes irrégularités" qui ont eu lieu, selon eux, lors des législatives de novembre, remportées massivement par la Ligue nationale pour la démocratie (LND), le parti d'Aung San Suu Kyi au pouvoir depuis les élections de 2015.
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La Chine a appelé les acteurs militaires et politiques en Birmanie à "régler leurs différends dans le cadre de la Constitution et des lois afin de maintenir la stabilité politique et sociale", après le coup d'Etat perpétré lundi par l'armée birmane.
"La Chine est un voisin amical de la Birmanie", a réagi lundi Wang Wenbin, porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères. Voisin de la Chine, la Birmanie est un pays clé du projet chinois de développement économique et commercial des "Nouvelles routes de la soie".
Mais la plupart des capitales ont condamné la situation sans équivoque. Le président américain Joe Biden a appelé l'armée birmane à rendre "immédiatement" le pouvoir, menaçant de réimposer les sanctions levées au cours de la décennie écoulée. "La communauté internationale doit parler d'une seule voix pour exiger de l'armée birmane qu'elle rende immédiatement le pouvoir", a-t-il ajouté.
Le secrétaire d'Etat américain, Antony Blinken, appelle l'armée "à libérer tous les responsables du gouvernement ainsi que les dirigeants de la société civile et à respecter la volonté du peuple de Birmanie telle qu'exprimée lors des élections démocratiques du 8 novembre".
La France appelle de son côté à ce que "le résultat du vote des Birmans soit respecté" et "discute avec ses partenaires dans le cadre des instances internationales", selon le porte-parole du gouvernement Gabriel Attal.
Le Premier ministre britannique Boris Johnson condamne le coup d'État et réclame la libération des "dirigeants civils arrêtés" dont Aung San Suu Kyi, ajoutant sur Twitter: "le vote de la population doit être respecté". Londres a aussi convoqué l'ambassadeur birman pour un entretien en urgence.
Le gouvernement japonais a appelé les militaires birmans à libérer Aung San Suu Kyi et à rétablir la démocratie dans le pays.
Le Japon entretient depuis longtemps des liens étroits avec la Birmanie, offrant de l'aide et des investissements privés. Tokyo a fait pression sur Aung San Suu Kyi pour qu'elle s'attaque aux discriminations et aux violences ethniques quand elle était cheffe de facto du gouvernement civil.
Le président du Conseil européen Charles Michel condamne "fermement" le coup d'Etat et réclame sur Twitter "la libération immédiate" des personnes arrêtées, appelant à respecter le résultat des élections. "Le peuple du Myanmar veut la démocratie. L'UE est avec lui", selon le chef de la diplomatie européenne Josep Borrel.
Le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, condamne "fermement" l'arrestation par l'armée d'Aung San Suu Kyi et d'autres dirigeants politiques. Avec "la déclaration du transfert de tous les pouvoirs législatifs, exécutifs et judiciaires aux militaires", "ces développements portent un coup dur aux réformes démocratiques en Birmanie".
Le Conseil de sécurité de l'ONU tiendra une réunion d'urgence mardi matin sur la situation en Birmanie, indique un programme de travail de l'actuelle présidence britannique de cette instance, approuvé lundi par ses membres.
Enfin, le comité Nobel s'est dit "scandalisé" par le coup d'Etat en Birmanie et par l'arrestation de plusieurs autres dirigeants, dont il a réclamé la "libération immédiate".
agences/cab
Libérations demandées par la Suisse
La Suisse a appelé lundi l'armée birmane à libérer tous les responsables du gouvernement et des leaders de la société civile, après le coup d'Etat militaire. Elle lui demande "d'annuler ses actions immédiatement".
Le Département fédéral des affaires étrangères (DFAE) "soutient les aspirations du peuple du Myanmar à la démocratie, à la liberté, à la paix et au développement", ont indiqué les services d'Ignazio Cassis.
Sur Twitter, Ignazio Cassis s'est pour sa part dit "gravement préoccupé" par la situation en Birmanie. Il a appelé "à une reprise immédiate du dialogue et à la remise en liberté des personnes arrêtées".