"Il s'agit d'un moment difficile (...) Vaincre la pandémie, continuer la campagne de vaccination et relancer le pays sont les défis qui nous attendent", a déclaré Mario Draghi à Rome à l'issue d'un entretien avec Sergio Mattarella. Il s'est dit "confiant que l'unité émergera des discussions avec les partis politiques et les groupes parlementaires".
Le président Sergio Mattarella s'était prononcé mardi soir pour un gouvernement de "haut niveau" capable "d'affronter les graves crises actuelles: sanitaire, sociale, économique". Lançant un appel à tous les partis politiques pour qu'ils soutiennent ce gouvernement, il a fermement exclu la tenue d'élections anticipées en pleine pandémie, qui a déjà fait plus de 89'000 morts dans le pays et mis à terre l'économie.
Coalition sortante pas reconduite
Il avait dû prendre acte de l'échec des consultations pour la reconduction de la coalition sortante menée par Giuseppe Conte, composée du Parti démocrate (PD, centre-gauche), du Mouvement 5 Etoiles (M5S, antisystème jusqu'à son arrivée au pouvoir) et du petit parti Italia Viva (IV) de Matteo Renzi.
Pour relancer l'économie exsangue, l'Italie table sur un plan de plus de 200 milliards d'euros financé par le méga-plan européen de relance décidé en juillet par l'Union européenne, alors que la troisième économie de la zone euro a affiché en 2020 l'une des pires chutes du PIB de la zone euro (-8,3%). L'Italie doit présenter ses propositions à Bruxelles d'ici le 30 avril.
Les partis plutôt optimistes
Le chef du PD, Nicola Zingaretti, s'est dit "ouvert au dialogue pour le bien du pays", tandis qu'à droite, plusieurs responsables de Forza Italia, la formation de Silvio Berlusconi, se sont déclarés favorables à Mario Draghi.
Obtenir l'aval du M5S sera plus compliqué. Le chef des sénateurs M5S au Sénat, Vito Crimi, a déjà annoncé qu'il n'apporterait pas son soutien à "la voie impraticable" d'un "gouvernement technique" provisoire. "Ce type d'exécutif a déjà été adopté dans le passé, avec des conséquences extrêmement négatives pour les citoyens italiens", a-t-il fustigé.
ats/cab
Portrait flatteur
Mario Draghi, un homme affable de 73 ans réputé pour sa discrétion, son sérieux et sa détermination est "une personne extrêmement bien préparée et déterminée", a commenté Giuliano Noci, professeur de stratégie à l'école de commerce de Polytechnique à Milan. "Il serait certainement en mesure de sortir l'Italie de la crise, avec le soutien du pays et du Parlement.
"Le sens des responsabilités devrait le conduire à accepter" le mandat que souhaite lui confier le président, estime Lorenzo Castellani, ce qui devrait mettre fin à la crise politique qui ébranle la péninsule en pleine pandémie, qui a fait plus de 89'000 morts et fait chuter le Produit intérieur brut de 8,9% en 2020.