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L'Australie ou la méthode de "suppression agressive" du Covid-19

L'Australie est entrée en récession. [Keystone/EPA - Dan Himbrechts]
L’Australie montre qu’on peut sauver la santé et l’économie / Tout un monde / 5 min. / le 5 février 2021
La ville de Perth, dans l'ouest de l'Australie, sort vendredi d'un confinement strict de cinq jours, décidé après la découverte d'un seul cas de Covid-19. Cette méthode, très différente de ce qui se fait en Europe, semble faire ses preuves dans le contexte australien.

Les autorités sanitaires de la région n’ont enregistré aucun autre nouveau cas de Covid-19, alors que des dizaines de milliers de dépistages ont été effectués ces derniers jours.

Au total, quelque deux millions de personnes ont été totalement confinées. Les écoles ont été fermées, ainsi que la quasi-totalité des commerces, à part les supermarchés. Mais était-ce réellement nécessaire?

D'après le gouvernement australien, sa stratégie qualifiée de "suppression agressive du virus" était la bonne. C'est également l'avis l’épidémiologiste Simon Baker, professeur de santé publique à l’Université d’Otago, en Nouvelle-Zélande, un pays qui adopte le même type de stratégie face à l'épidémie.

Selon ce spécialiste, ce type d'élimination qui intervient avant de constater la propagation du virus est même la seule stratégie qui vaille. Et cela ne doit pas passer par des demi-mesures, sinon c'est l'échec assuré.

Mesures sanitaires efficaces

Le Covid-19 a fait 909 morts en Australie, un bilan beaucoup moins lourd que celui de la plupart des pays européens. Le pays présente certes l'avantage d'être une île. Or, une étude parue récemment, qui classe une centaine de pays en fonction de leur réponse sanitaire, montre que l'on retrouve six pays insulaires aux dix premières positions.

Mais cette caractéristique n’explique pas tout et plusieurs contre-exemples existent, au premier rang desquels figure la Grande-Bretagne. À l'inverse, des pays très densément peuplés, qui ne sont pas des îles, s’en sont également très bien sortis, à l'image par exemple du Vietnam. Or, d'après Simon Baker, ils partagent la particularité d'avoir visé comme objectif l’élimination totale et rapide du virus.

Pas d'opposition entre économie et santé

En parallèle, les frontières de l’Australie sont complètement fermées depuis mars 2020 et pourraient le rester jusqu’en 2022. Pour certains secteurs économiques, cela a rendu la situation très difficile. C'est évidemment le cas du tourisme et du transport aérien.

C’est très dur aussi pour le secteur de l’éducation, alors que l'Australie attire chaque année de nombreux étudiants étrangers qui rapportent normalement des dizaines de milliards de dollars aux universités. Ces dernières ont d'ailleurs énormément licencié ces derniers mois.

Pour le reste de l’économie en revanche, les dégâts sont plutôt limités et la croissance est repartie à la hausse à la fin 2020, plus fortement que dans la plupart des pays occidentaux. Les stratégies d'élimination semblent donc limiter l'incertitude et favoriser la reprise des activités des entreprises.

Ainsi, malgré les fortes restrictions qui ont été mises en place, et qui pour certaines sont toujours en vigueur, l’Australie est plutôt confortée dans sa stratégie et on relève peu de protestations de la part de la population. Une adhésion qui peut également s'expliquer par la cohérence des mesures: depuis le début de l'épidémie, le gouvernement australien a toujours tenu la même ligne, très claire.

Gregory Plesse/jop

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