Le chercheur et essayiste de confession chiite, engagé en faveur de la laïcité et de la démocratie et fervent opposant au confessionnalisme qui mine la politique libanaise, avait indiqué par le passé avoir reçu des menaces en raison de ses positions hostiles au Hezbollah. Ce dernier a condamné le meurtre.
L'épouse de Slim, Monika Borgmann, et sa soeur Rasha al-Ameer avaient signalé sa disparition mercredi soir après une visite à un ami dans le sud du Liban, bastion du mouvement chiite. Slim, 58 ans, a été retrouvé mort dans sa voiture. Il avait reçu cinq balles dans la tête et une dans le dos.
Dans un bref communiqué publié jeudi soir, le Hezbollah a condamné le meurtre et appelé les "appareils judiciaires et de sécurité à agir rapidement pour découvrir et punir les coupables".
Mémoire et réconciliation
Le chercheur, qui a notamment étudié la philosophie à Paris, a beaucoup travaillé sur les problématiques de la mémoire, de la réconciliation et sur la question des disparus après la guerre civile libanaise (1975-1990), à travers son organisation, Umam-DR.
Il avait notamment co-réalisé le documentaire "Tadmor". Cette co-production de la RTS (à voir ci-dessous) va à la rencontre de huit opposants politiques libanais, enfermés dans la prison syrienne de Tadmor (Palmyre) qui a été détruite en 2015 par les forces de l'Etat islamique.
Habitué des plateaux de télévision, il dénonçait également le monopole politique des deux poids lourds chiites au sein de la communauté, le Hezbollah --seule faction à ne pas avoir démantelé son arsenal militaire après la guerre civile-- et Amal.
Accusé d'être un traître
Slim avait fustigé en décembre 2019 les dirigeants de ces deux mouvements, après deux rassemblements pour le "menacer" devant son domicile dans la banlieue de Beyrouth.
"Par précaution en cas d'atteinte, verbale ou physique, à venir, contre moi, mon épouse, ma maison ou mes proches, je fais porter l'entière responsabilité (...) de ce qui s'est passé, et de ce qu'il pourrait se passer à Hassan Nasrallah et Nabih Berri", avait-il écrit dans un communiqué, faisant référence au chef du Hezbollah et au chef du parti Amal, également président du Parlement.
Il avait notamment évoqué des affiches collées sur sa maison l'accusant d'être un traître.
A cette époque, peu après le soulèvement populaire d'octobre 2019 dénonçant l'incurie des dirigeants, Beyrouth était le théâtre de heurts réguliers entre partisans des partis chiites et manifestants antipouvoir.
afp/cab