Cette "tentative de coup d'Etat" implique un juge de la Cour de cassation et une inspectrice générale de la police nationale haïtienne, a indiqué le ministre de la Justice Rockefeller Vincent. Vingt-trois personnes ont été arrêtées au total, a précisé de son côté le Premier ministre Joseph Jouthe.
"Ils avaient contacté des hauts gradés de la police au Palais national qui avaient pour mission d'arrêter le président, de l'amener dans cette habitation à Petit bois (lieu de leur arrestation dans la capitale, ndlr) et faciliter l'installation d'un nouveau président provisoire qui aurait fait la transition", a détaillé le chef du gouvernement.
Le Premier ministre du pays en profonde crise a ajouté que, parmi des documents saisis, figurait le discours que le juge avait prévu de prononcer pour devenir ce nouveau président provisoire, dans un régime de transition.
Président en danger de mort
Plus tôt dans la matinée, Jovenel Moïse a expliqué que les auteurs du coup de force déjoué en voulaient à sa vie. "Je remercie le responsable de ma sécurité au Palais. Le rêve de ces gens était d'attenter à ma vie. Grâce au bon dieu, nous n'avons pas vu ça. Ce plan a été avorté", a déclaré Jovenel Moïse.
Le directeur général de la police nationale, Léon Charles, a précisé que de l'argent et des armes avaient été saisis, notamment deux fusils d'assaut M14, un mini Uzi, trois pistolets 9 mm et plusieurs machettes.
Un scénario réfuté
L'opposition politique a elle contesté avec vigueur le scénario de tentative de coup d'Etat présenté par les autorités. "On ne réalise pas un coup d'Etat avec deux pistolets, trois ou quatre fusils", a commenté l'avocat André Michel. Il a estimé que Jovenel Moïse avait "choisi la voie de la répression politique".
Jovenel Moïse soutient que son mandat à la tête du pays caribéen court jusqu'au 7 février 2022. Mais cette date est dénoncée par une bonne partie de la population haïtienne, selon qui le mandat de cinq ans de Jovenel Moïse arrive à terme un an plus tôt, ce dimanche 7 février. Ce désaccord de date est né du fait que Jovenel Moïse avait été élu lors d'un scrutin annulé pour fraudes, puis réélu un an plus tard.
Le pays s'est encore davantage enfoncé dans la crise au long de l'année 2020, privé de Parlement et gangrené par les violences. Isolé, le président Moïse gouverne par décrets, alimentant une défiance croissante au sein de la population. Port-au-Prince a été le théâtre dimanche de manifestations clairsemées émaillées de quelques échauffourées avec la police.
afp/jpr