A Rangoun, dans le quartier de San Chaung de la capitale économique birmane, de nombreux enseignants défilaient aussi dans la rue principale pour demander la libération d'Aung San Suu Kyi, effectuant le fameux salut à trois doigts en signe de résistance contre les putschistes.
Ils bravaient l'interdiction des rassemblements de plus de cinq personnes, imposée la veille dans les principales villes du pays par les militaires, qui ont invoqué des "fraudes" lors des législatives de novembre pour justifier leur coup d'Etat.
L'armée a pourtant brandi la menace de représailles à l'encontre des manifestants. "Des actions doivent être prises [...] contre les infractions qui troublent, empêchent et détruisent la stabilité de l'Etat", a fait savoir la télévision d'Etat.
"Leurs mises en garde ne nous inquiètent pas, c'est pourquoi nous sortons aujourd'hui. Nous ne pouvons pas accepter leur excuse de fraude électorale. Nous ne voulons pas d'une dictature militaire", a déclaré l'un des enseignants qui manifestaient.
Canons à eau
Ailleurs dans Rangoun, d'autres manifestants se sont rassemblés devant le siège de la ligue nationale pour la démocratie (LND), le parti d'Aung San Suu Kyi, habillés de rouge - la couleur de la LND - et brandissant des portraits de leur dirigeante, arrêtée après son renversement par l'armée.
À Naypyidaw, la capitale, les forces de sécurité ont fait usage de canons à eau contre un petit groupe de manifestants pro-démocratie, qui refusaient de se disperser devant un barrage des forces de l'ordre, selon des images transmises en direct à la télévision.
La loi martiale décrétée
Les militaires ont décrété lundi la loi martiale dans plusieurs quartiers de Rangoun, la capitale économique birmane, de Mandalay, deuxième ville du pays, ainsi que dans d'autres endroits. Outre l'interdiction des rassemblements, un couvre-feu y est imposé de 20h00 à 04h00.
Cette décision a fait suite au rassemblement de milliers de manifestants pro-démocratie samedi et dimanche à travers la Birmanie. Ce vent de contestation est inédit dans le pays depuis le soulèvement populaire de 2007, "la révolution de safran" menée par les moines et violemment réprimée par l'armée.
Le commandant en chef de l'armée, Min Aung Hlaing, s'est exprimé pour la première fois lundi soir sur la chaîne de l'armée Myawaddy TV. Il s'est engagé à "la tenue d'élections libres et justes" à la fin de l'état d'urgence d'un an et promis un régime militaire "différent" des précédents.
ats/jfe
Réunion du Bureau des droits de l'homme de l'ONU
Le Bureau des droits de l'homme de l'ONU tiendra vendredi une session spéciale pour discuter de la crise en Birmanie, ont annoncé lundi les Nations unies.
La Grande-Bretagne et l'Union européenne avaient demandé plus tôt dans la journée la tenue d'une réunion, une requête soutenue par 19 des 47 membres du Bureau, principalement des pays occidentaux ainsi que le Japon et la Corée du Sud, a indiqué l'ONU dans un communiqué.
Projet de résolution
Parmi les 28 pays observateurs favorables à cette réunion se trouvent les Etats-Unis, qui ont annoncé lundi leur intention de réintégrer le Bureau des droits de l'homme de l'ONU, dont l'ancien président Donald Trump les avait retirés en juin 2018.
D'après des diplomates, un projet de résolution devant être soumis au vote vendredi est actuellement en discussion.
La Nouvelle-Zélande rompt ses relations militaires et politiques
Le coup d'Etat a été condamné par les Etats-Unis, l'Union européenne, le Royaume-Uni et de nombreux autres pays. La Nouvelle-Zélande a annoncé mardi la suspension de ses contacts militaires et politiques de haut niveau avec la Birmanie, devenant le premier pays au monde à décider d'un isolement de la junte.
"Après des années de dur travail pour bâtir une démocratie en Birmanie, je pense que tout Néo-Zélandais doit se sentir catastrophé de voir ce que les militaires ont fait ces derniers jours", a déclaré la première ministre néo-zélandaise Jacinda Ardern.