Cette action montre la détermination des généraux putschistes face aux appels à rétablir la démocratie. Des cortèges totalisant plusieurs dizaines de milliers de personnes, selon différentes estimations, ont défilé dans le centre de Rangoun, la capitale économique du pays, dont un devant l'ambassade de Chine, pays considéré comme favorable aux généraux, alors que la répression a franchi un nouveau cap mardi.
Une manifestation réunissant plusieurs milliers de personnes était également en cours à Naypyidaw, la capitale administrative de la Birmanie, dans le centre du pays. Dans l'Etat de Kayah, dans l'est du pays, des policiers se sont joints à la manifestation, selon des médias locaux.
Condamnation de l'ONU
L'ONU a condamné mardi l'usage "disproportionné" et "inacceptable" de la force par l'armée, qui a mené la semaine dernière un coup d'Etat. Le rapporteur spécial des Nations unies pour la Birmanie, Tom Andrews, a condamné l'usage de la force, et assuré que la police avait tiré et blessé une jeune femme à Naypyidaw. Les images de cette action ont été massivement partagées sur les réseaux sociaux.
Un médecin avait quant à lui estimé mardi que les militaires avaient tiré à balles réelles, à en juger par les blessures subies par deux jeunes hommes hospitalisés dans un état critique.
A Mandalay (centre), la deuxième ville du pays, la police a utilisé des gaz lacrymogènes contre des protestataires qui agitaient des drapeaux de la Ligue nationale pour la démocratie (LND).
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Raid contre le siège de la LND
Selon la LND, les militaires ont mené mardi soir un raid contre les locaux de la formation à Rangoun, alors qu'avaient lieu des manifestations dans plusieurs villes, réprimées avec des canons à eau et des tirs de balles en caoutchouc.
Un membre de la LND a déclaré mercredi à l'AFP qu'un gardien avait vu le raid mené par les forces de sécurité via un système de vidéosurveillance à distance, mais qu'il n'avait pas pu intervenir en raison du couvre-feu. Dans la matinée, ils ont trouvé des serrures forcées, du matériel informatique manquant, du câblage électrique et des câbles de serveur coupés. Des documents bancaires avaient disparu d'un coffre-fort.
afp/jpr
Contestation inédite depuis 2007
Depuis le coup d'Etat le 1er février, le nombre de personnes arrêtées a atteint 190 mercredi, selon une ONG d'aide aux prisonniers politiques. Ce vent de contestation est inédit depuis le soulèvement populaire de 2007, la "Révolution de safran" menée par les moines et violemment réprimée par les militaires.
L'armée conteste la régularité des législatives de novembre, remportées massivement par la LND. Mais des observateurs internationaux n'ont pas constaté de problèmes majeurs lors de ce scrutin. En réalité, les généraux craignaient de voir leur influence diminuer après la victoire d'Aung San Suu Kyi, qui aurait pu vouloir modifier la Constitution.