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FARC: Bogota veut un dialogue direct

Bogota veut un dialogue direct avec le nouvel homme fort des FARC.
Bogota veut un dialogue direct avec le nouvel homme fort des FARC.
Bogota souhaite se passer des médiateurs européens pour tenter de négocier directement avec les FARC. Une chaîne de télévision colombienne affirme par ailleurs que la France se serait fait duper en versant une rançon en 2003.

"Nous allons établir un contact direct" avec les FARC, a déclaré
lundi à la radio privée "W" le Haut commissaire colombien pour la paix,
Luis Carlos Restrepo. "Il nous faut prendre le taureau par les
cornes, et c'est le bon moment pour que M. Cano, le nouveau chef
des rebelles, accepte une conversation directe", a-t-il ajouté.

Selon le haut fonctionnaire, les Forces armées révolutionnaires
de Colombie (FARC) "sont fracturées et nous préférons trouver un
contact direct pour parler de paix". "Aujourd'hui, parler d'un
accord humanitaire comme d'une première étape avant la paix n'a
plus de sens", a-t-il dit, en faisant allusion à la mission de deux
médiateurs européens, Noël Saez, ancien consul de France à Bogota,
et Jean-Pierre Gontard, consultant du gouvernement suisse.



Luis Carlos Restrepo a par ailleurs vivement critiqué ces
émissaires auprès des FARC qui agissent au nom de la France, de la
Suisse et de l'Espagne. Ces médiateurs "sont apparus en de
nombreuses occasions plus comme des conseillers politiques des FARC
que comme des médiateurs", a-t-il affirmé.

Crise de confiance

"Le président (Alvaro Uribe, ndlr) a dit clairement à Messieurs
Jean-Pierre Gontard et à Noël Saez, alors qu'ils se trouvaient à
Bogota, que le gouvernement colombien n'a pas confiance dans leur
travail", a poursuivi le Haut commissaire pour la paix. "Je crois
que le travail pendant de nombreuses années des deux médiateurs
n'a, en dépit de leur bonne volonté, produit aucun résultat, et en
plus ces derniers ont été manipulés par les FARC", a ajouté Luis
Carlos Restrepo.



"Le délégué français a offert aux FARC de faire lever le
qualificatif d'organisation terroriste, d'engager des négociations
directes ainsi que d'ouvrir un bureau (des FARC, ndlr) à Paris en
février", a-t-il encore affirmé. Puis le haut responsable a accusé
l'émissaire suisse Gontard d'avoir remis de l'argent (500'000
dollars) aux FARC au Costa Rica, "semble-t-il dans le cadre d'une
prise d'otage". "Transporter et donner de l'argent à une
organisation en marge de la loi n'a rien à voir avec une
médiation", a estimé Luis Carlos Restrepo.



Vendredi, le quotidien colombien " El Tiempo " annonçait que le nom de Gontard
apparaissait "à 37 reprises" dans l'ordinateur de Raul Reyes, le
numéro deux des FARC, éliminé le 1er mars lors d'une incursion
colombienne en territoire équatorien. Jean-Pierre Gontard, qui a
été, selon le quotidien, le professeur du fils d'Alfonso Cano à
l'Université de Genève, serait intervenu comme consultant à
plusieurs reprises dans des affaires de prise d'otages avec
rançon.

Berne ne baisse pas les bras

En dépit des tensions entre Berne et Bogota, la Suisse va
continuer son travail de médiation pour les otages en Colombie.
Elle maintient en outre sa confiance en Jean-Pierre Gontard. "Le
mandat de Jean-Pierre Gontard est reconnu par toutes les parties",
a déclaré lundi Georg Farago, porte-parole du Département fédéral
des affaires étrangères (DFAE). Cette situation reste inchangée et
la Suisse poursuivra sa "facilitation en Colombie avec toute la
discrétion nécessaire", a-t-il ajouté.



agences/hoj

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Une rançon pour du beurre en 2003

La France aurait payé en 2003 une rançon - d'un montant non précisé - pour la libération d'Ingrid Betancourt alors aux mains des FARC, selon la chaîne de télévision colombienne RCN.

Un courrier retrouvé dans l'ordinateur de l'ancien numéro 2 des FARC, Raul Reyes, tué en mars dans une opération de l'armée colombienne, indiquerait que les Français ont été dupés alors qu'ils cherchaient à obtenir la libération de l'otage franco-colombienne.

Ingrid Betancourt et 14 autres otages des FARC ont été libérés mercredi dernier au cours d'une opération sans effusion de sang conduite par l'armée colombienne.

Dans le courrier électronique cité par RCN, Raul Reyes s'adresse à Noël Saez, l'un des deux émissaires chargés par la France, la Suisse et l'Espagne d'établir des contacts avec les FARC en vue de la libération des otages en Colombie.

Raul Reyes envoie aussi une copie du contenu de son courrier électronique au chef historique de la guérilla Manuel Marulanda, aujourd'hui décédé.

"Les raisons que vous aviez de remettre de l'argent pour la libération de Madame Ingrid Betancourt sans vous assurer auparavant des identités (des geôliers) et des garanties (...) demeurent inexpliquées", aurait écrit Raul Reyes.

La chaîne colombienne a rappelé qu'en juillet 2003, 15 jours avant la date du courrier de Raul Reyes, un avion militaire français a atterri au Brésil près de la frontière colombienne dans l'espoir de récupérer Ingrid Betancourt.