Pékin estime que les contenus de la chaîne d'information internationale avaient "sérieusement" enfreint les directives en vigueur dans le pays.
Dans un communiqué, l'autorité estime que la chaîne d'information en continu a notamment enfreint le principe selon lequel "les informations doivent être véridiques et justes" et "ne portent pas préjudice aux intérêts nationaux de la Chine". Aussi, elle "n'autorise pas la BBC à continuer d'émettre en Chine".
Cette interdiction intervient après que la BBC a diffusé le 3 février un reportage contenant des récits poignants de tortures et de violences sexuelles contre des femmes ouïghours dans des camps d'internement chinois.
Uniquement disponible dans les grandes chaînes d’hôtels internationales et les complexes résidentiels hébergeant principalement des expatriés, la mise au ban de la chaîne britannique est avant tout symbolique. La vaste majorité des médias occidentaux – dont la RTS – sont de fait bannis du pays. Leurs sites internet et applications mobiles sont en effet bloqués sur le territoire national.
Par sa décision d’exclure la BBC de ses rares espaces de diffusion en Chine, Pékin marque son agacement sans pour autant recourir à des sanctions drastiques comme l’expulsion des correspondants du médias – une mesure adoptée au printemps 2020 à l’encontre des grands quotidiens américains.
La BBC regrette la décision
"Nous sommes déçus que les autorités chinoises aient décidé de prendre cette mesure", a déclaré une porte-parole de la chaîne britannique. "La BBC est le diffuseur d'informations internationales le plus fiable au monde. Elle couvre des sujets du monde entier de manière honnête, impartiale et sans crainte ni faveur".
Le ministre britannique des Affaires étrangères, Dominic Raab, a pour sa part dénoncé une "atteinte inacceptable à la liberté de la presse".
"La Chine a des restrictions parmi les plus strictes au monde concernant la liberté des médias et d'internet, et cette dernière mesure ne fera qu'endommager la réputation de la Chine aux yeux du monde", a estimé le chef de la diplomatie dans un tweet.
Le département d'Etat américain a quant à lui indiqué qu'il "condamne absolument" lui aussi cette interdiction de la BBC.
Relations tendues
La décision de Pékin intervient une semaine après le retrait au Royaume-Uni de la licence de la chaîne publique chinoise d'informations en anglais CGTN, considérée comme assujettie au Parti communiste chinois.
Ces annonces surviennent dans un contexte déjà tendu entre Londres et Pékin. Les relations entre les deux capitales sont mises à mal depuis l’imposition, par la Chine, d’une loi visant à museler tout mouvement d’opposition à Hong Kong. Par l’entremise de sa nouvelle loi sur la sécurité nationale édictée le 1er juillet dernier, le gouvernement centrale chinois mène une vaste opération de répression à l’encontre du mouvement pro-démocratie de l’ancienne colonie britannique.
Londres dénonce une grave violation des autorités chinoises: au moment de la rétrocession du territoire en 1997, Pékin s’était engagé à garantir son autonomie durant au moins 50 ans, soit jusqu’en 2047. En réaction à l’intervention chinoise, la Grande-Bretagne a récemment décidé de faciliter l’immigration de certains ressortissants de son ex-colonie.
afp/Michael Peuker/gma