Visite discrète du dalaï lama en France
Le dalaï lama est arrivé dans la discrétion lundi en France pour une visite de 12 jours en pleine période des JO, durant laquelle aucune rencontre au sommet n'est prévue pour le chef spirituel tibétain afin de ne pas froisser Pékin.
Le dalaï lama a été accueilli lundi matin dans la plus grande
discrétion à l'aéroport de Roissy, au nord de Paris, par des
membres de sa communauté religieuse.
Visite dès mardi
Après une "journée de repos", selon son entourage, la visite du
dignitaire ne commencera réellement que mardi, par la visite d'un
centre bouddhiste puis de la plus vaste pagode d'Europe, située à
Evry, en région parisienne. Lors de sa visite dans cette pagode,
qui devrait rassembler quelque 1500 fidèles et durer deux heures,
il devrait "bénir" et consacrer en personne la statue de Bouddha
parée d'or, de quatre mètres de haut, du lieu de culte inauguré en
2006.
La visite du dalaï lama, 73 ans, prix Nobel de la Paix et figure
mondiale de la non-violence, se veut essentiellement religieuse,
hormis une rencontre mercredi au Sénat sur le Tibet. Bien qu'un
temps envisagée, aucune rencontre avec le président Nicolas Sarkozy
n'aura finalement lieu, devant l'hostilité exprimée par
Pékin.
"Puisqu'il était à la cérémonie d'ouverture des Jeux, on aurait
aimé que le président fasse un signe symbolique vis à vis du dalaï
lama", a regretté le député UMP (droite, au pouvoir), Lionnel Luca,
président du groupe d'études sur le Tibet. Au lieu de cela, "on
fait passer le dalaï lama par la cave", s'est-il indigné, faisant
référence à la réception du chef spirituel tibétain au Sénat "à
huis clos, dans le bureau d'un sénateur". "C'est une honte", a
encore dit le député de droite, au Le Parisien.
Rencontre avec Sarkozy plus tard
Nicolas Sarkozy, très critiqué par l'opposition de gauche et par
les défenseurs des droits de l'homme pour sa présence à Pékin et
pour avoir "renoncé" à rencontrer le dalaï lama, a indiqué qu'il
aurait l'occasion de le rencontrer ultérieurement, sans précision
de date. L'Elysée a assuré que c'était le dalaï lama qui n'avait
pas sollicité d'entretien durant ce séjour en France.
M. Sarkozy a néanmoins décidé de déléguer son épouse, Carla
Bruni-Sarkozy, à une cérémonie religieuse présidée par le dalaï
lama pour l'inauguration le 22 août d'un temple à Roqueredonde
(sud).
Pour l'opposition socialiste, cette "mise en scène autour de
l'épouse du président, qui ne jouit d'aucune légitimité
démocratique, est choquante et participe au grand imbroglio de
Nicolas Sarkozy sur la question".
afp/dk/cht
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Eviter toute provocation
Samedi, dans un entretien à l'AFP, Matthieu Ricard, moine bouddhiste français et proche collaborateur du dalaï lama, avait justifié le report d'une rencontre en soulignant qu'en pleins Jeux olympiques, elle serait apparue comme "une provocation" avec pour résultat "un durcissement du gouvernement chinois".
Il avait en même temps évoqué "un contraste ahurissant entre la terreur" qui continue au Tibet et "la magnificence des JO", qui se déroulent en Chine.
Lundi, un porte-parole de l'UMP, Frédéric Lefebvre, rejetait toute polémique. "A partir du moment où le dalaï lama demande que les JO se passent bien, (...) la faute politique aurait été au contraire de tout faire pour le rencontrer contre son gré", a-t-il déclaré.
Reçu en 93 par Mitterrand
Le dalaï lama, qui achèvera sa visite le 23, dispensera une série d'enseignements à Nantes (ouest), du 15 au 20 août. Le responsable bouddhiste, qui est venu une dizaine de fois en France depuis 1982, avait été reçu en 1993 par le président François Mitterrand.
Depuis un an, le 14e dalaï lama a été reçu par plusieurs leaders mondiaux, parmi lesquels George W. Bush, Angela Merkel ou Gordon Brown, au grand dam des autorités chinoises.
En France, 770'000 personnes, dont les 3/4 sont d'origine asiatique, se réclament du bouddhisme, selon l'Union bouddhiste de France, même si le nombre de pratiquants est difficile à cerner.