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La junte birmane accentue la pression face aux vagues de manifestants

Véhicule blindé dans une rue de Rangoun, dimanche soir 14.02.2021. [AFP - Sai Aung Main]
L'ambassade américaine fait état de mouvements militaires à Rangoun / Le Journal horaire / 26 sec. / le 14 février 2021
Des centaines de milliers de manifestants ont à nouveau défilé dimanche dans les grandes villes de Birmanie pour protester contre le coup d'Etat militaire. Mais la pression de la junte s'accroît et l'ambassade américaine a fait état de "mouvements militaires" à Rangoun.

Sourde aux critiques croissantes et face à une mobilisation qui ne faiblit pas, la junte au pouvoir en Birmanie accroît sa répression contre les manifestations massives organisées contre leur coup d'Etat. Elle multiplie les arrestations nocturnes et menace de poursuites quiconque hébergera des militants recherchés.

Pour le neuvième jour consécutif, les Birmans sont malgré tout descendus par dizaines de milliers dimanche dans les rues de plusieurs villes, dont la capitale Naypyidaw et la principale ville du pays, Rangoun.

Alerte de l'ambassade américaine

L'ambassade des Etats-Unis a fait état dimanche soir de mouvements militaires à Rangoun, mettant en garde ses ressortissants. "Il y a des indications sur des mouvements de troupes à Rangoun", a annoncé sur Twitter la représentation diplomatique américaine.

L'information est confirmée par les images de véhicules blindés diffusées en direct sur internet par des médias locaux. Ils ont été aperçus à Rangoun mais aussi à Myitkyina et à Sittwe, capitale de l'Etat de Rakhine (ouest), une première depuis le putsch.

Plusieurs ambassades occidentales en Birmanie ont également exhorté dimanche l'armée à "ne pas recourir à la violence" contre les manifestants. "Nous demandons aux forces de sécurité de ne pas recourir à la violence contre les manifestants et les civils qui protestent contre le renversement de leur gouvernement légitime", ont écrit sur Twitter les représentations diplomatiques des Etats-Unis, du Canada et de plusieurs pays de l'Union européenne.

Internet largement hors service

Selon l'ONG de surveillance d'internet NetBlocks, la Birmanie connaissait dans la nuit de dimanche à lundi des "coupures d'internet" dans l'ensemble du pays.

Ces importantes perturbations "ont commencé vers 01h00 heure locale (19h00, heure suisse), a fait savoir l'organisation qui précise qu'internet fonctionne à "14% de ses niveaux habituels".

Traque sans relâche des "meneurs"

Mais la junte menée par le général Min Aung Hlaing semble insensible aux pressions et poursuit sa répression. Elle a publié une liste de sept militants parmi les plus renommés du pays, qu'elle recherche activement pour avoir encouragé les manifestations.

"Si vous trouvez des fugitifs mentionnés ci-dessus ou si vous avez des informations à leur sujet, signalez-vous au poste de police le plus proche", a indiqué dimanche un communiqué dans les médias d'Etat. "Ceux qui les hébergent seront (confrontés) à des actions conformément à la loi".

Tirs sur des manifestants dans le nord

Depuis le début du mouvement, les militaires ont déjà placé en détention environ 400 responsables politiques, militants et membres de la société civile, y compris des journalistes, des médecins ou des étudiants.

Cinq journalistes ont encore été interpellés dimanche, d'après un média local, au cours d'un rassemblement à Myitkyina, dans le nord du pays, où les forces de l'ordre ont tiré - à balles réelles ou en caoutchouc - sur des manifestants, faisant plusieurs blessés.

L'expérience démocratique de dix ans a brusquement pris fin il y a bientôt deux semaines avec la prise de pouvoir des militaires, qui ont renversé et arrêté la cheffe de facto du gouvernement Aung San Suu Kyi.

Agences/kkub/oang

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Aung San Suu Kyi "en bonne santé"

Les manifestations de 1988 avaient fait d'Aung San Suu Kyi la principale figure démocratique de Birmanie et la prix Nobel de la paix 1991 avait passé des années en résidence surveillée, prisonnière des généraux, avant d'accéder au pouvoir en 2015.

De nouveau arrêtée le 1er février dernier, celle qui dirigeait de facto le gouvernement n'a pas été vue depuis, même si son parti a informé qu'elle était "en bonne santé" tenue au secret dans une résidence de Naypyidaw, la capitale administrative de la Birmanie.

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