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En Russie, l’arme de la justice pénale contre les manifestants

Des policiers russes protègent un tribunal de Moscou dans lequel Alexei Navalny fait face à un nouveau procès. [Keystone/AP Photo - Alexander Zemlianichenko]
En Russie, que deviennent les partisans d'Alexei Navalny arrêtés par la police? / La Matinale / 1 min. / le 16 février 2021
En Russie, 90 enquêtes pénales ont été ouvertes à l'encontre de manifestants, depuis le début des protestations en soutien à l'opposant Alexeï Navalny. L'une des principales ONG russes, qui répertorie les arrestations, s'inquiète des conséquences à long terme de ce tour de vis des autorités.

Sur les plus de 11'000 arrestations, la plupart des détenus ont été condamnés à des amendes ou des peines de prison administratives. Mais le tout dans un contexte de brutalité policière inédit en 10 ans, rappelle Alexandra Baeva, de l'ONG OVD-info: "Nous n'avons jamais fait face ces dernières années à un tel niveau de violence, ni répertorié autant de cas de personnes battues, d'arrestation aussi musclées."

Plus grave: plus de 90 enquêtes pénales ont été ouvertes à l'encontre de manifestants ou protestataires, ont annoncé les autorités. Là aussi un record depuis que cette ONG a été créée en 2011. Et de nouvelles infractions pénales sont utilisées.

Normes anti-Covid employées contre les manifestants

Plusieurs figures du mouvement d'Alexeï Navalny par exemple sont poursuivies pour violation des normes sanitaires en période de Covid, passible de deux ans de prison: "Ces affaires à l'encontre de personnes connues dans l'espace public ont probablement été ouvertes pour les assigner à résidence, avec différentes restrictions, pour les exclure de l'espace médiatique", estime Alexandra Baeva. "Et étant donné qu'il s'agit de nouvelles infractions, qu'on n'a pas d'expérience en la matière, difficile de savoir quelle tournure prendront ces affaires."

Des dizaines d'autres manifestants, de simples citoyens eux, sont poursuivis pour violences à l'encontre des forces de l'ordre, troubles de masse, ou encore participation répétée à des rassemblements non autorisés, là aussi des délits pouvant entraîner plusieurs années de prison.

Moins d'arrestations, mais parce que les prisons sont pleines

Ce dimanche, pour la première fois, seule une vingtaine de personnes ont été arrêtées lors des flashmobs en soutien à Navalny."Le nombre d'arrestations a baissé actuellement", souligne Alexandra Baeva, "d'une part car il n'y a pas de grands rassemblements et d'autre part parce que tous les lieux de détention administrative sont pleins."

L'ONG note que malgré des cas de violence policière, aucune enquête n'a été ouverte pour le moment à l'encontre des forces de l'ordre.

Isabelle Cornaz/ebz

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Une amende de 11'500 francs requise

Le parquet russe a requis mardi une amende de 950'000 roubles (environ 11'500 francs) pour diffamation contre Alexeï Navalny. Il s'agit d'une des multiples affaires judiciaires visant la bête noire du Kremlin.

Comme il était sous le coup d'une condamnation avec sursis au moment des faits, le parquet a également requis que l'opposant purge cette peine. Un autre tribunal a cependant déjà converti, le 2 février, ce sursis en sentence ferme de deux ans et huit mois de détention.

Samedi, un tribunal de Moscou devra prononcer son jugement dans l'affaire de diffamation, tandis qu'une juridiction d'appel examinera l'appel de l'opposant contre la conversion de sa peine de prison avec sursis.

Pour l'opposant et militant anti-corruption, qui a survécu à un empoisonnement l'été dernier, le Kremlin cherche à le faire taire avec ces poursuites, d'autant que le pays organise des législatives à l'automne.