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Nucléaire iranien: petit pas franchi à Genève

Javier Solana et le négociateur iranien Saïd Jalili à Genève.
Javier Solana et le négociateur iranien Saïd Jalili à Genève.
La réunion samedi à Genève entre l'Iran et les six puissances engagées dans le dossier du programme nucléaire iranien n'a pas permis de percée déterminante. Mais les parties laissent la porte ouverte à de nouvelles discussions.

«Je dois dire que nous n'avons pas obtenu de réponse claire à
notre question», a déclaré le diplomate en chef de l'Union
européenne Javier Solana à la presse à l'issue de la réunion. Cette
dernière, couverte par une centaine de représentants de la presse
internationale, s'est tenue à l'Hôtel de Ville, siège des autorités
politiques et administratives du canton de Genève. Elle s'est
déroulée pour la première fois en présence d'un diplomate américain
de haut rang (lire ci-contre).

Les six puissances (soit les cinq membres permanents du Conseil
de sécurité de l'ONU, Etats-Unis, Russie, France, Grande-Bretagne
et Chine, plus l'Allemagne) ont proposé il y a plus d'un an à
l'Iran une vaste offre de coopération politique et économique en
l'échange de l'abandon par Téhéran de ses activités
d'enrichissement d'uranium.

Offre de coopération

Javier Solana a présenté une nouvelle version de ces
propositions en juin dernier. Il suggérait d'instituer une phase de
pré négociations: les Iraniens accepteraient dans un premier temps
de geler leurs activités d'enrichissement, c'est-à-dire de les
maintenir à leur niveau actuel, et les «Six» renonceraient à
adopter de nouvelles sanctions.



Le Haut représentant de la diplomatie européenne a toutefois
qualifié la rencontre, en la présence exceptionnelle du numéro
trois du département d'Etat américain William Burns, de «positive
et constructive». Il a précisé qu'il espérait avoir un nouveau
contact «d'ici deux semaines» avec le négociateur iranien, Saïd
Jalili, sans qu'une date n'ait été fixée.



Du côté iranien, Saïd Jalili a exclu de discuter de la question
des activités d'enrichissement d'uranium lors des prochaines
négociations. «Nous discuterons seulement des points de convergence
au sein de l'ensemble des mesures proposées», a-t-il dit,
réaffirmant la volonté de Téhéran d'avoir une approche constructive
et à long terme dans ce dossier.

L'Iran tient à ses droits

L'ambassadeur d'Iran à Berne, Kevyan
Imani, avait confirmé un peu plus tôt ce sentiment en se réfugiant
derrière la ligne diplomatique adoptée depuis plusieurs mois par
l'ayatollah Ali Khameinei. «Comme notre guide suprême l'a
clairement dit, notre position est claire: nous n'abandonnerons pas
nos droits», avait-il déclaré à l'agence Reuters.



L'Iran, quatrième producteur mondial de pétrole, affirme que son
programme nucléaire a pour unique but la production d'électricité;
l'Occident le soupçonne de vouloir se doter de l'arme
atomique.



ats/ps

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Présence américaine

Avec William Burns, sous-secrétaire d'Etat, la réunion accueillait pour la première fois un diplomate américain de haut rang. Javier Solana a estimé que l'émissaire américain, qui n'a pas pris part à la conférence de presse, avait apporté une importante contribution à la réunion par sa présence.

La présence de l'Américain, sous-secrétaire d'Etat, à l'entrevue de Genève a conféré une importance particulière à ces discussions, sa participation constituant un important revirement des Etats-Unis.

Les Américains avaient toujours exigé que Téhéran suspende ses activités d'enrichissement d'uranium avant d'accepter de participer à des négociations multilatérales.

A l'issue de la rencontre, le département d'Etat américain a appelé Téhéran à enfin choisir entre la coopération et la confrontation.

Calmy-Rey, discrète, rencontre Solana

La Suisse, à qui l'UE et l'Iran avaient demandé d'accueillir ces entretiens, n'était pas représentée à la table des négociations. Mais après la rencontre, Micheline Calmy-Rey, cheffe du Département fédéral des affaires étrangères (DFAE), s'est entretenue séparément avec Javier Solana et Saïd Jalili, a indiqué le département.

Venue en toute discrétion, la cheffe de la diplomatie suisse ne s'est pas présentée devant la presse.

La Suisse, qui s'est toujours engagée en faveur d'une solution diplomatique de la question nucléaire iranienne, salue le fait que les parties ont convenu de poursuivre le dialogue, a ajouté le DFAE dans un communiqué.

Au début de leurs interventions respectives devant les médias, Javier Solana et Saïd Jalili ont tous deux remercié les autorités helvétiques d'avoir permis la rencontre.

Berne représente les intérêts américains en Iran depuis la prise d'otages à l'ambassade des Etats-Unis à Téhéran en 1980. En tant que puissance protectrice, elle permet aux deux pays de maintenir un minimum de relations diplomatiques et consulaires.