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Nucléaire iranien: les USA à Genève

La Genève internationale accueillera samedi le sommet Iran-USA.
La Genève internationale accueillera samedi le sommet Iran-USA.
Les six pays impliqués dans le dossier du nucléaire iranien et l'émissaire de Téhéran se retrouvent samedi à Genève pour une réunion inédite: pour la première fois en effet les Etats-Unis participent à une telle rencontre.

Les USA annoncent en effet la présence du No3 de la diplomatie
américaine William Burns. L'émissaire américain prendra place à la
même table que son homologue iranien Saïd Jalili, marquant ainsi
une rupture avec la politique jusqu'ici adoptée par
l'administration Bush.

Faiblesse des USA?

A Washington, les tenants d'une ligne dure à l'égard de Téhéran
y voient un aveu de faiblesse des Etats-Unis. Mais les partisans de
ce revirement estiment que c'est précisément ce qui pourrait sortir
les négociations de l'impasse.



Les Occidentaux demandent à l'Iran de suspendre ses activités
d'enrichissement d'uranium, qui pourraient lui permettre de
fabriquer des armes nucléaires. Téhéran affirme que son programme
est purement civil et continue à le développer malgré trois trains
de sanctions votés à son encontre par le Conseil de sécurité des
Nations unies.



Le Groupe des Six (les cinq membres permanents du Conseil de
sécurité de l'ONU plus l'Allemagne) auquel appartiennent les
Etats-Unis, propose des "carottes" économiques et politiques à
l'Iran depuis deux ans en échange d'un arrêt de ses activités
d'enrichissement.

Engagement de Bush

Les Américains s'étaient jusqu'ici tenus à l'écart des
pourparlers visant à relancer les négociations, car Téhéran rejette
leur demande d'un gel de son programme d'enrichissement avant et
pendant ces discussions préliminaires.



Pour la patronne de la diplomatie américaine Condoleezza Rice, la
décision d'envoyer le sous-secrétaire d'Etat William Burns à Genève
prouve l'engagement de l'administration Bush à poursuivre sur la
voie diplomatique. "Le message que nous faisons passer est que les
Etats-Unis sont fermement engagés dans cette diplomatie, fermement
en accord avec leurs alliés et pleins de l'espoir que les Iraniens
saisiront ce message", a déclaré jeudi la secrétaire d'Etat.



Selon un diplomate européen interrogé sous couvert d'anonymat, la
présence de M. Burns vise à encourager l'Iran à faire le premier
pas dans les délicates tractations visant à relancer les chances
d'un accord. Elle suggère également que Washington est disposé à
faire un geste supplémentaire dans le cadre d'une offre de "gel
contre gel", précise-t-il.

Engagements

En vertu de cette proposition, les deux parties prendraient des
engagements pour une durée de six semaines. Durant cette période,
des discussions préliminaires seraient lancées en vue de rouvrir
les négociations sur le fond, l'Iran serait autorisé à poursuivre
ses activités d'enrichissement mais seulement au niveau actuel, et
les Etats-Unis et leurs alliés cesseraient de rechercher de
nouvelles sanctions à l'ONU.



Ce n'est que si des négociations formelles sont ouvertes à l'issue
de cette phase préliminaire que les Iraniens seraient tenus de
geler leurs activités d'enrichissement, au moins pour la durée des
dites négociations. Reste que l'objectif du processus est
d'arracher à Téhéran une suspension permanente de ces
activités.



Comme pour mieux souligner son importance, les autorités
américaines précisent que la participation de M. Burns est
"exceptionnelle" et que s'il écoutera les Iraniens, il ne sera pas
à Genève pour négocier. La présence de M. Burns pourrait également
être le signe d'une volonté côté américain comme iranien de jouer
l'apaisement, note un haut responsable américain sous couvert
d'anonymat.

Section US à Téhéran prévue

Washington envisage sérieusement d'ouvrir une section des
intérêts américains à Téhéran, à l'image de celle qui existe à
Cuba, précise-t-il. Reste qu'en cas d'échec à Genève,
l'administration Bush "aura des choix difficiles à faire", ajoute
ce responsable, comme un éventuel retrait du Groupe des Six.



Une décision qui ne manquerait pas de nuire aux efforts
diplomatiques sur le dossier iranien et de renforcer les craintes
d'un possible recours à l'option militaire par Washington.



La réunion de Genève sera officiellement présidée par le Haut
représentant pour la politique étrangère de l'Union européenne
Javier Solana et l'Iranien Saïd Jalili.



ap/ats/cht

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Détente iranienne ?

Des signes de détente sont apparus côté iranien vendredi, à la veille de négociations samedi à Genève avec les grandes puissances sur le dossier du nucléaire. Téhéran a évoqué des possibilités d'ouvertures avec les Etats-Unis.

Par la voix de son ministre des Affaires étrangères Manouchehr Mottaki lors d'une conférence de presse à Ankara, en Turquie, l'Iran a entrouvert la porte à des discussions avec Washington sur la création d'une section des intérêts américains à Téhéran et l'établissement de vols directs entre l'Iran et les Etats-Unis.

Le chef de la diplomatie iranienne n'a pas précisé quand ces discussions pourraient intervenir et quelle forme elles pourraient revêtir. Il a rappelé que l'Iran avait déjà mis sur le tapis l'an dernier la question des vols directs, du fait de la demande venant à la fois d'Américains et d'Iraniens.

Washington a rompu ses relations diplomatiques avec Téhéran au cours de la crise des otages, de 1979 à 1981, pendant laquelle, 444 jours durant, des étudiants iraniens ont retenu 52 diplomates américains à l'ambassade des Etats-Unis.

Depuis 1980, la Suisse, en tant que puissance protectrice, représente les intérêts américains en Iran via son ambassade à Téhéran.

Manouchehr Mottaki a aussi déclaré que la participation inédite d'un haut responsable américain aux discussions samedi à Genève était «positive» et qu'il s'attendait à des progrès.

A Téhéran, le négociateur iranien en chef dans la crise nucléaire Saeed Jalili a émis vendredi l'espoir que la présence américaine rende les discussions fructueuses.

Avant son départ pour la Suisse, il a souhaité que les grandes puissances adoptent une approche constructive lors des négociations.