Le projet s'inscrit dans l'intensification de l'affrontement stratégique entre les deux géants. Le Parti communiste songe à actionner l'important levier dont il dispose: le quasi-monopole de la production de terres rares, indique le Financial Times. La Chine fournit en effet 80% de ces métaux tant convoités.
Un embargo pénaliserait, à court terme, les Etats-Unis. Il mettrait par exemple à mal une entreprise comme Lockheed Martin. Le constructeur des avions de combat F-35 est gourmand en terres rares: chaque appareil en contient 417 kilos. Il s'agit donc d'un composant essentiel de l'avion furtif qui équipe l'US Air Force, mais aussi une quinzaine d'autres armées – dont celle de Taïwan.
Menace à double tranchant
Pékin pourrait cependant hésiter à passer à l'acte. La menace est en effet à double tranchant. Contrairement à leur appellation, les terres rares sont relativement abondantes. Ces différents minerais sont présents dans de nombreuses régions de la planète. Leur extraction est en revanche polluante.
Face aux coûts liés à la mise en place d'une exploitation respectueuse de l'environnement, Pékin s'est profilé dans le domaine grâce à une faible concurrence.
Conscients de l'enjeu stratégique, Américains et Européens ont toutefois commencé à accroître leur production pour sécuriser leur approvisionnement.
A trop effrayer ses partenaires, Pékin risque de renforcer cette tendance, réduisant de ce fait son emprise sur ces métaux. Un avantage compétitif considérable qui permet actuellement à la Chine de contrôler un marché dont elle dépend elle-même énormément.
Michael Peuker/ebz