Angkor, c'est l'ancienne capitale de l'Empire Khmer: un ensemble de deux cents temples de grès ciselés perdus dans la jungle, datant du IXe au XVe siècle.
Ces fabuleuses constructions sont menacées par la fièvre touristique avec la construction de "Angkor Lake of Wonder", un complexe comparable à un Disneyland aquatique sur 75 hectares, soit une surface équivalant à quelque 105 terrains de foot.
Sur cet espace, pas moins d'une quinzaine d'attractions nautiques sont prévues, dont une rivière enchantée de 2,5 kilomètres avec barques et gondoles, un grand canal de cinq cents mètres de long, une piscine à vagues avec plage de 5000 mètres carrés, un triple toboggan aquatique, une cascade, un marché flottant chinois et un parc marin. Sans compter restaurants, boutiques et un palace de 900 chambres. Le tout à seulement 500 mètres des précieux sanctuaires.
Catastrophe écologique
Sur le plan écologique, un tel projet a un prix exorbitant. C'est l'une des sonnettes d'alarme que tirent les experts de l'UNESCO qui ont réussi à réhabiliter par exemple tout le réseau de canalisations quadrillant les rues et bâtiments de l'ancienne cité d'Angkor. Un réseau développé par les empereurs de l'époque et qui, après des siècles sans entretien, était redevenu un élément central du lieu. Mais la gigantesque construction prévue pourrait menacer cet équilibre retrouvé.
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Autre alerte rouge, c'est la menace d'un afflux encore plus massif de touristes qui mettrait à mal la tranquillité du site et qui serait le générateur de pollutions susceptibles de dégrader ce patrimoine au caractère sacré pour beaucoup parmi la population cambodgienne.
Soutien du gouvernement
Un tel projet pourrait à terme voir le jour car l'administration du Premier ministre cambodgien Hun Sen a donné son accord à NagaCorp, une société chinoise pour cette construction. Un marché révélé ces derniers jours dans la presse qui pourrait rapporter gros non seulement à l'entreprise mais aussi à l'Etat cambodgien, ce qui encourage malheureusement cette mise en péril du site emblématique de la période Khmer.
On peut parler d'une "colonisation économique" qui pourrait avoir pour effet pervers le désengagement de l'UNESCO à Angkor.
Gabrielle Desarzens/sjaq