Déclenché le 22 février 2019, le Hirak avait poussé le président Bouteflika, au pouvoir depuis deux décennies, à la démission deux mois plus tard. L'an dernier, ce mouvement de protestation populaire inédit en Algérie a dû suspendre ses manifestations hebdomadaires en raison de l'épidémie de coronavirus.
Deux ans après, le mouvement est encore totalement déterminé, malgré une répression qui n'a pas faibli. Pour cet anniversaire, Alger a été quadrillée par la police lundi, après des appels à manifester lancés sur internet. Des barrages de police ont été mis en place sur plusieurs axes routiers menant à la capitale. Des hélicoptères survolent aussi la ville.
Un remaniement ministériel décevant
Les autorités ont elles peu infléchi leur position, malgré quelques gestes d'apaisement. Le président Abdemadjid Tebboune a ainsi procédé dimanche à un remaniement de son gouvernement, promis et très attendu, mais qui n'affiche aucun changement d'équipe majeur (lire encadré).
Avant de s'envoler pour Berlin début janvier dernier, pour s'y faire soigner de "complications" post-Covid, Abdemadjid Tebboune avait pourtant exprimé publiquement son insatisfaction devant l'action gouvernementale.
Dans un discours à la Nation jeudi soir, il a également annoncé la dissolution de l'Assemblée populaire nationale (chambre basse du Parlement) et l'organisation d'élections locales et législatives anticipées dans les six mois pour faire face à la triple crise politique, économique et sanitaire qui ébranle l'Algérie.
Le même jour, le chef de l'Etat a également décrété une grâce présidentielle en faveur d'une soixantaine de détenus d'opinion. Depuis, près de 40 prisonniers ont été libérés, dont l'opposant Rachid Nekkaz et le journaliste Khaled Drareni, devenu un symbole du combat pour la liberté de la presse.
>> Lire : Le journaliste algérien Khaled Drareni libéré avec d'autres détenus d'opinion
afp/oang
Le remaniement ministériel
Le président Abdemadjid Tebboune a procédé dimanche à un remaniement de son gouvernement. Pourtant critiqué, le Premier ministre Abdelaziz Djerad reste à son poste, tout comme le ministre de la Justice Belkacem Zeghmati, symbole de la lutte anti-corruption et de la répression, et le ministre de la Communication Ammar Belhimer, qui garde la haute main sur les médias.
Sont partants le ministre de l'Energie, Abdelamadjid Attar, chargé d'une rente pétrolière sur le déclin, et son collègue de l'Industrie, Ferhat Aït Ali, qui paie sa gestion du dossier de la relance de l'industrie automobile.
Les ministres des Ressources en eau, du Tourisme, de l'Environnement et des Travaux publics quittent également le gouvernement.
Parmi les arrivants, avec le portefeuille du Tourisme, figure Mohamed Ali Boughazi, ancien conseiller de l'ex-président déchu Abdelaziz Bouteflika, une nomination qui fait grincer des dents sur les réseaux sociaux.