"Je serai le président de tous les Nigériens", a déclaré Mohamed Bazoum à ses partisans et à la presse. Il a également félicité son adversaire battu, Mahamane Ousmane, à qui il a tendu la main. "Connaissant sa sagesse, je voudrais compter sur lui", a-t-il dit.
Mohamed Bazoum est un proche du président sortant Mahamadou Issoufou, qui ne se représentait pas. Mahamane Ousmane, quant à lui, est un ancien président qui a été au pouvoir dans les années 1990.
Le taux de participation au second tour de dimanche a été de 62,91%: Mohamed Bazoum a recueilli quelque 2,5 millions de voix contre un peu moins de deux millions pour son adversaire. Il était déjà arrivé en tête au premier tour avec 39,3% des voix.
Les résultats, provisoires, doivent encore être confirmés par la Cour constitutionnelle.
Contestation de l'opposition
La région de Tillabéri, dans l'ouest, en proie à l'insécurité liée à la présence des djihadistes de l'Etat islamique, a elle majoritairement voté pour Mahamane Ousmane, comme la capitale, Niamey, qui reste un fief de l'opposition.
Juste avant la proclamation de ces résultats, l'opposition a dénoncé "un hold-up" électoral, exigeant "la suspension immédiate de la publication des résultats".
"Je demande à tous les Nigériens (...) de se mobiliser comme un seul homme pour faire échec à ce hold-up électoral", a déclaré à la presse Falké Bacharou, directeur de campagne Mahamane Ousmane.
Fraudes dénoncées par l'opposition
Entre les deux tours, l'opposition avait déclaré qu'elle ne reconnaîtrait pas les résultats si elle les estimait entachés de fraudes. Elle avait déjà dénoncé des fraudes lors du premier tour, mais avait été déboutée par la justice. Plusieurs manifestations ont aussi eu lieu à Niamey et à Zinder, deuxième ville du pays.
Or, la véritable réussite du scrutin dans ce pays à l'histoire marquée par les putschs et déjà confronté à de multiples défis, dont celui du djihadisme, résiderait dans l'acceptation des résultats par toutes les parties une fois les résultats annoncés, selon de nombreux observateurs.
afp/jop
En proie au djihadisme armé
Le second tour a été endeuillé par la mort d'au moins huit agents électoraux: le véhicule de sept d'entre eux a sauté sur une mine dans la région de Tillabéri frontalière du Mali et du Burkina Faso dans la zone dite des "trois frontières", un autre a été tué dans la région de Diffa frontalier du Nigeria.
La zone des "trois frontières" est la cible des attaques de groupes djihadistes affiliés à l'organisation Etat islamique, l'est étant lui frappé par des attaques des djihadistes nigérians de Boko Haram.
Mohamed Bazoum a reconnu mardi soir "l'urgence et l'énormité du défi que constitue le combat contre le terrorisme".