La colère contre les généraux auteurs du putsch du 1er février secoue la Birmanie, avec des manifestations quotidiennes de plus ou moins grande ampleur pour réclamer la libération d'Aung San Suu Kyi, l'ex-cheffe du gouvernement civil, et le retour à la démocratie.
Jeudi, des centaines de partisans des militaires, portant des pancartes sur lesquelles était inscrit : "Nous soutenons nos forces de Défense" ont défilé dans le centre de la plus grande ville de Birmanie.
Matraques, couteaux et frondes
Les autorités leur ont donné accès à l'emblématique pagode Sule, un carrefour clé de Rangoun qui ces derniers jours a été barricadé pour empêcher les manifestants dénonçant le coup d'État de s'y rassembler.
Les riverains ont commencé à frapper sur des casseroles et des marmites, un acte devenu un symbole de la résistance contre la junte, pour protester contre la manifestation en faveur des militaires. À midi, des affrontements ont éclaté aux abords de la gare centrale de Rangoun.
Des partisans des militaires se sont retournés contre les habitants qui les huaient.
Surpassant en nombre les partisans des militaires, les habitants ont riposté et en ont arrêté certains qui étaient équipés de matraques, de couteaux de poche et de frondes, a-t-il dit.
Après un moment de tension, la police a finalement écarté les assaillants.
Plus loin dans la ville, sur le campus verdoyant de l'Université de Rangoun, les étudiants ont défilé pacifiquement, portant les drapeaux rouges de la Ligue nationale pour la démocratie, le parti d'Aung San Suu Kyi. La lauréate du prix Nobel de la paix, 75 ans, est tenue au secret depuis son arrestation.
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Facebook ferme des comptes liés à la junte
Jeudi, Facebook a annoncé avoir fermé tous les comptes restants liés à l'armée birmane, en raison de l'utilisation par la junte de "violences meurtrières" contre les manifestants pro-démocratie.
"Les événements depuis le coup d'Etat du 1er février, y compris des violences meurtrières, ont précipité la nécessité de cette interdiction", a expliqué Facebook dans un communiqué.
Les pages des institutions gouvernementales désormais gérées par la junte ne sont pas affectées.
"Cette interdiction ne couvre pas les ministères et agences du gouvernement engagés dans la fourniture de services publics essentiels", dit le communiqué.
jfe avec afp
Londres sanctionne le chef de la junte
Le Royaume-Uni a annoncé jeudi des sanctions contre six responsables de la junte birmane pour leur rôle dans le coup d'Etat militaire de début février. Le commandant en chef de l'armée Min Aung Hlaing en fait partie.
Ces six militaires, désormais interdits de séjour sur le sol britannique et de faire des affaires avec des entreprises britanniques, s'ajoutent aux 19 autres responsables birmans déjà sanctionnés pour violations graves des droits humains par le gouvernement britannique.
Ces mesures "envoient un message clair au régime militaire birman: les responsables de violations des droits humains seront tenus pour responsables et les autorités doivent rendre le pouvoir au peuple birman", a déclaré le chef de la diplomatie Dominic Raab dans un communiqué.
La semaine dernière, Londres avait déjà sanctionné trois généraux, dont le ministre de la Défense Mya Tun Oo et le ministre de l'Intérieur Soe Htut.