"La situation épidémiologique demeure grave et les nouveaux variants posent des défis supplémentaires. Nous devons donc maintenir des restrictions fermes tout en musclant nos efforts" pour accélérer la vaccination, ont déclaré les Vingt-Sept dans leurs conclusions à l'issue d'un sommet en visioconférence.
Alors que l'essor des variants britannique et sud-africain fait planer le spectre de nouvelles flambées de contaminations à travers le continent (lire encadré), les campagnes de vaccination sont toujours pénalisées par d'importants retards de livraison.
Optimisme
"Les prochaines semaines vont demeurer difficiles sur le terrain de la vaccination", a reconnu le président du Conseil européen Charles Michel lors d'une conférence de presse. "Mais je voudrais afficher un message d'optimisme (...) Nous avons les moyens de faire en sorte que l'UE joue un rôle clé pour (...) sortir de cette crise dans les prochains mois ", a-t-il ajouté.
De son côté, la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen s'est dite "optimiste" sur son objectif de vacciner d'ici "la fin de l'été" 70% de la population adulte de l'UE, soit 225 millions de personnes, à la faveur de la forte augmentation attendue des livraisons des laboratoires.
Un graphique diffusé par la Commission montre que l'UE s'attend à recevoir d'ici fin juin près de 600 millions de doses, si toutes les livraisons promises et attendues se concrétisent.
Charles Michel a par ailleurs appelé à "améliorer les capacités de séquençage" du virus pour identifier rapidement ses mutations – une procédure complexe inégalement réalisée à travers l'Union, mais au profit de laquelle Bruxelles a débloqué des fonds.
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"Interrogations scientifiques"
Concernant la question d'un certificat de vaccination européen pour faciliter les voyages, les dirigeants se sont contentés dans leurs conclusions d'"appeler à poursuivre une approche commune". "Il reste des interrogations scientifiques: il n'est pas encore certain que vous cessez de transmettre le virus après avoir été vacciné", a fait valoir Ursula von der Leyen.
La question des droits attachés à ce "passeport" avait été jugée "conflictuelle" et "hors de propos" par certains Etats membres, à l'heure où seuls 4,2% des Européens ont reçu au moins une dose de vaccin.
"Passeport vert"
Paris et Berlin jugent la question prématurée, rejetant toute inégalité de traitement entre une minorité privilégiée et les autres. Mais d'autres Etats – notamment les plus dépendants du tourisme à l'instar de la Grèce et de Chypre – veulent une adoption accélérée pour sauver leur saison estivale.
Soutenu par la Bulgarie, le chancelier autrichien Sebastian Kurz préconisait lui "un passeport vert" permettant de voyager ou d'accéder aux restaurants, pour les personnes vaccinées mais également pour celles considérées comme "immunisées" après avoir contracté le virus.
Les Vingt-sept ont finalement confié à la Commission la tâche d'élaborer les conditions techniques d'un certificat vaccinal (élément à prendre en compte, support informatique, inter-opérabilité...)
L'exécutif européen "aura besoin de trois mois pour y parvenir", a souligné Angela Merkel, tout en assurant qu'après sa mise en place, "cela ne signifie pas que seuls les détenteurs d'un passeport vaccinal pourront voyager".
Il incombera aux Etats membres d'adapter leurs système de santé et structures douanières pour préparer l'établissement de ce certificat commun, a cependant prévenu Ursula von der Leyen. "Ils devront réagir rapidement pour la mise en oeuvre, si nous voulons avoir un certificat 'vert' effectif d'ici l'été", a-t-elle insisté.
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ats/sjaq
Garantir la circulation
Inquiets de la poussée des variants, une dizaine d'Etats de l'UE ont limité le franchissement de leurs frontières. La Commission a sommé six d'entre eux, dont la Belgique et l'Allemagne, de s'expliquer sur des restrictions qu'elle juge disproportionnées, redoutant la perturbation de chaînes de production.
La France a de son côté annoncé jeudi qu'elle exigerait des tests PCR récents pour les déplacements non professionnels de frontaliers depuis l'Allemagne vers la Moselle.
Les Vingt-sept s'étaient initialement promis de n'adopter que des mesures "proportionnées" et "non discriminatoires". Mais les variants ont changé la donne, incitant certains gouvernement à refermer leurs frontières.
Charles Michel a plaidé pour "une approche commune: les restrictions sur les voyages non-essentiels doivent encore être maintenues, mais les mesures doivent être proportionnées et il faut garantir la circulation des biens et services".